Ian a passé le trajet en taxi sur son téléphone à envoyer des messages. Je le regarde de ma place, un peu furieuse qu'il ne me donne pas l'attention que je réclame. Non mais oh. Je le vois froncer les sourcils... Qu'il est beau les sourcils froncés... Donc je me mets à sourire comme une cruche en état d'ébriété : c'est pas beau à voir. Je ris de mon propre état à coups de he he hehe absolument pas naturels.
- Qu'est-ce qu'il y a ? me demande Ian en me voyant l'épier.
- T'es trop beau, réponds-je d'une grosse banane en guise de bouche.
C'est alors que je me souviens pour quelle raison je le trouve si séduisant : il n'est pas content à cause de son portable qui ne fait que vibrer ! Je gonfle instantanément les narines tel un dragon, ma respiration s'alourdit, devient bruyante.
- Et maintenant... qu'est-ce qu'il t'arrive ? demande-t-il à nouveau bien plus perplexe.
- Tu m'ignores... commencé-je. Si tu m'accompagnes pour passer ton temps au téléphone, tu ferais aussi bien de dégager de là.
- Oh, je vois que ta version sobre est bien calme finalement.
- Je ne ris pas.
- Je te rassure, ça se voit.
Puis son portable vibre et son attention est une nouvelle fois happée par lui.
- Connard, murmuré-je en me retournant vers la fenêtre.
- Pardon ? relève-t-il d'un ton grave.
- Pardon ? repris-je comme si de rien n'était.
- Qu'est-ce que tu viens de dire ?
Son visage se tourne légèrement d'un air interrogateur et ses yeux se plissent. Je souris intérieurement : j'ai retenu son attention hehe. Big smile. Mais dans la réalité, mon visage est des plus sérieux.
- Je suis pas sûre, mais je crois que t'entends des voix.
Ce à quoi même le chauffeur se met à rire.
Et comme il y a deux secondes, son attention est à nouveau rappeler par son engin électronique.
- Pfff qu'est-ce qu'il y a de si important... ronchonné-je.
Mais il ne relève pas.
- Vous êtes arrivés ! s'exclame le chauffeur.
La voiture à peine arrêtée, je décide de la fuir et de laisser Ian en plan. J'en oublie même de fermer la porte. Je l'entends gueuler « Qu'est-ce que tu fous ? » au moment où je manque de m'éclater la tronche sur le trottoir... Parce que courir quand le cerveau ne suit pas et que les yeux ont deux de tension à suivre une trajectoire n'est absolument pas une bonne idée... Mais apparemment, mes jambes non plus ne sont pas à la hauteur de ce que j'imagine. Alors que j'ai l'impression de ressembler à Speedy Gonzales...
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