Il est près de vingt heures quand j'arrive à l'appartement. Après avoir passé mon temps à courir partout, à replier quinze fois les mêmes vêtements ou à les remettre sur leur cintre, à supporter quelques clientes désagréables – il y en a toujours une ou deux dans la journée – et la voix stridente de Josseline Thomas, me voici libérée.
Je suis crevée.
Assis sur le canapé, Johan regarde la télévision, et bon sang, Gips est sur ses genoux ! Il y a même Mila qui squatte le haut du dossier ! On peut dire que, si ça ne colle pas avec moi, ces traîtresses, elles, l'ont déjà adopté.
— Salut, me lance-t-il en guise de bienvenue.
— Salut.
Aucun de nous deux ne semble décidé à engager la conversation.
Je m'enferme dans la salle de bains, prends une douche, revêts mon pyjama préféré – un T-shirt sur lequel sont imprimées une tasse en grande conversation avec un bol et l'inscription « Thé mal luné ? Ras-le-bol ! », ainsi que le short bouffant assorti. Le tout en vert pomme.
Enfin, je me dirige vers la cuisine et commence à ouvrir les placards pour réfléchir à ce que je pourrais bien préparer à manger.
— Pét n'est pas là ? m'informé-je sans jeter un regard à son frère.
— Non, elle est sortie.
— Super, marmonné-je dans ma barbe.
L'idée de passer la soirée en tête-à-tête avec Johan ne m'enchante pas. Je vais donc aller me coucher au plus vite.
En ouvrant le réfrigérateur, je découvre que les courses ont été faites. Pétronille doit entamer un régime, c'est blindé de yaourts zéro pour cent. La tête dans le bac à légumes, je m'empare de quelques tomates et d'un oignon rouge. J'ai vraiment la flemme de me concocter quoi que ce soit de trop élaboré, ce soir.
— T'as besoin que je te file un coup de main ? s'enquiert Johan, juste derrière moi.
Son intervention me fait sursauter ; je me cogne le crâne contre l'étagère juste au-dessus.
— Putain, ne tape pas des actions comme ça ! maugréé-je en me massant le cuir chevelu.
Quand je me retourne vers lui, je le découvre appuyé contre le plan de travail, les bras croisés. Il lit l'inscription sur mon pyjama, mais s'abstient de tout commentaire.
— Tu veux manger quoi ?
Être mal lunée ne m'empêche pas d'être polie.
— J'ai déjà dîné.
— OK.
Ça m'arrange. Je me prends une bière que je décapsule pour la siroter tout en découpant mes crudités.
— T'en veux une ?
— Non merci.
Je termine la préparation de mon repas en silence sans arriver à retenir un ou deux bâillements.
— Je peux sortir ta chienne si tu veux, propose-t-il. Tu as l'air fatiguée.
Le goujat d'hier s'est transformé en prince charmant ? C'est louche.
Sourcils froncés, je lui jette un coup d'œil suspicieux, incapable de trouver quoi répondre.
— Quoi ? insiste-t-il.
— Si tu es en train de mettre au point un plan tordu pour te venger de ta chute d'hier soir...
— Non, je t'offre mon aide parce que je squatte chez toi, rien de plus.
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DERRIÈRE NOS MASQUES ( /Les voix des sirènes )
RomanceLorsque Johan et Katarina se rencontrent, ils éprouvent aussitôt un profond mépris l'un envers l'autre, chacun étant campé sur ses préjugés. Forcés de cohabiter durant quelques semaines, ils vont peu à peu découvrir que derrière la colère et l'arro...