— Johan ! JOHAN ! hurle la voix stridente de Pétronille.
Gipsy se met à japper quand elle entend ma coloc s'égosiller, puis quitte la pièce en fonçant telle une torpille sur sa cible. Ça va faire mal quand le choc aura lieu.
Je grogne en me massant les tempes : j'ai un peu abusé du Malibu hier soir, et comme j'ai oublié de fermer les volets, la lumière qui se déverse dans ma chambre me fusille les rétines.
— Aïe ! Putain de chien ! gronde Pét depuis le salon.
Un petit rire satisfait m'échappe. Mes animaux sont mes plus fidèles alliés, impossible pour quiconque de rivaliser avec eux.
Je perçois alors du mouvement à mes côtés et comprends que Johan partage toujours mon lit. Il n'est pas censé aller courir aux aurores, lui ? Bordel, c'est la merde totale !
— Réveille-toi ! chuchoté-je en le secouant.
Il faut qu'il parte au plus vite.
Johan se redresse en sursaut et me foudroie aussitôt du regard.
— Putain, mais t'as des soucis, toi ! grogne-t-il.
Le goujat ne doit pas être du matin.
— Ta sœur est en train de t'appeler depuis le salon ! Bouge-toi, elle ne doit pas te trouver ici !
Un sourire canaille étire ses lèvres ; je ne l'avais jamais remarqué avant cet instant, mais elles sont terriblement sensuelles.
— C'est vrai ça. Sinon, elle va tout de suite penser que tu t'es empressée de te jeter sur son petit frère... s'amuse l'intéressé d'une voix encore rauque de sommeil.
Bon, fini les conneries, je n'ai pas envie de me prendre davantage la tête avec Pétronille.
— Putain, Jo, qu'est-ce que tu fous là ? Dans sa chambre ? Katarina, dis-moi que tu n'as pas osé ! s'exclame ma colocataire en pénétrant dans la pièce.
Trop tard.
— Il ne s'est rien passé, nous avons juste discuté.
— Mon cul ! Tu n'es vraiment qu'une salope ! Te taper mon mec ne te suffit pas, il faut aussi que tu t'envoies en l'air avec mon petit frère ! Je vais...
— Stop, Pépé, tu t'excites pour rien, là ! intervient Johan en se levant souplement du lit, afin de s'interposer entre sa sœur et moi. Comme Kat te l'a dit, on n'a fait que parler. Mais même s'il s'était passé autre chose, ça ne te concernerait pas !
Pétronille balaie son frère du regard et semble soulagée de constater qu'il est tout habillé.
— On a un deal, elle et moi, elle ne doit pas poser la main sur toi.
Cette fille me fout sérieusement la migraine, j'ai l'impression que mon cerveau est une coquille de noix sur laquelle Pétronille tape de toutes ses forces afin de la briser.
— Arrête, gronde Johan d'un ton sans appel.
Ma colocataire est si furax qu'elle est obligée de serrer les dents pour se contenir. Ses joues, légèrement gonflées par la colère, arborent une subtile teinte rouge cerise. On dirait une cocotte-minute sous pression dont le couvercle est sur le point de sauter.
— Je crois qu'il est temps que je cherche un appart, finit-elle par souffler en me gratifiant d'un regard noir.
— Je le crois aussi.
— Grégoire m'a peut-être trompée, mais au moins, il a été honnête, lui. Il a avoué ses fautes. Ce qui n'est pas ton cas.
— Je ne vais pas te dire que j'ai recouché avec lui alors que, pour rien au monde, je ne veux que ce mec me touche à nouveau. Tu ne sais pas qui il est. Et simple curiosité, qu'est-ce que tu lui as raconté le jour de votre rencontre ?
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DERRIÈRE NOS MASQUES ( /Les voix des sirènes )
RomanceLorsque Johan et Katarina se rencontrent, ils éprouvent aussitôt un profond mépris l'un envers l'autre, chacun étant campé sur ses préjugés. Forcés de cohabiter durant quelques semaines, ils vont peu à peu découvrir que derrière la colère et l'arro...