6. Katarina

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— Il a osé mettre un autocollant sur le capot de ma voiture ! grondé-je, furieuse.

— Hum hum.

— Non, mais il se fout de ma gueule ! Un autocollant sur la peinture d'origine d'une voiture de collection !

— Hum hum.

— Je vais le tuer, Max. Je te jure que je vais le tuer. J'ai déjà mon alibi, je vais procéder comme dans ce film que j'ai vu une fois, prendre un ticket de cinéma pour justifier mon emploi du temps, et comme ça, je pourrai aller l'assassiner pendant la séance.

— Hum hum.

— Bon, tu sais dire autre chose que hum hum ? J'ai l'impression d'être dans le bureau d'un psychiatre blasé par son patient, là.

— Tu aurais dû noter que tous mes hum hum n'avaient pas la même intonation. Le premier signifiait que j'étais d'accord avec toi, le deuxième exprimait ma perplexité, et le troisième, ma désapprobation.

— Eh bien, mets des mots sur tes pensées, si ça n'est pas trop te demander !

Je suis exécrable. Personne ne touche à ma voiture ! Personne !

— Kat, il est à peine huit heures et demie, et tu me tires du lit un dimanche matin... En plus, il y a une drôle d'odeur, et ça me fout la gerbe... Gips n'a pas digéré un truc, c'est ça ? À moins que ce soit toi ?

— À mon avis, ses nouvelles croquettes l'incommodent. C'est peut-être le temps qu'elle s'y habitue. Elles sont bio, sans céréales et fabriquées en France avec de la vraie viande, pas avec des sous-produits d'animaux.

— Ouais, je ne sais pas, mais là, c'est atroce.

Je me lève et ouvre la fenêtre pour faire un courant d'air.

— Bon, Max, aide-moi à trouver une idée pour recadrer la super star de la télé. Je ne peux pas accepter ça.

— Kat, n'abuse pas et laisse-moi finir ma nuit, on en reparle dans deux heures, OK ?

J'ai débarqué dans son appart bien trop tôt pour un dimanche, je le reconnais, faisant dégager son coup du soir, par la même occasion. Mais je sais qu'il ne m'en veut pas en ce qui concerne sa conquête, je lui ai sûrement rendu un sacré service. Il est seulement trop dans le coaltar pour l'admettre. Du coup, si, je vais abuser un peu.

— Grégoire a dormi chez moi.

— Quoi ? s'exclame mon meilleur ami en ouvrant des yeux ronds comme des soucoupes.

Ça aura au moins eu le mérite de le réveiller.

Je pousse un petit soupir et me laisse tomber à ses côtés sur le lit. Max se redresse, m'offrant une vue imprenable sur son torse ciselé.

— Tu ne devineras jamais comment il a atterri dans mon appart...

— Je suis tout ouïe !

— C'est Pétro qui l'a ramené. Sérieusement, peut-on faire plus poisseuse que moi ?

— J'en doute. Tu viens de décrocher le pompon et tu as droit à ton tour de manège gratuit, rétorque-t-il, cynique.

— Putain, on devrait m'attribuer le Golden Globes dans la catégorie « même ton karma est contre toi ».

— J'avoue. Ça ne me plaît pas beaucoup, tout ça...

— À moi non plus. Qu'est-ce que je vais faire, Max ? Imagine qu'elle le ramène tous les soirs ?

— Tu as ton mot à dire, Kat, elle squatte chez toi ! Tu ne peux pas laisser ce type revenir dans ta vie !

— Je sais. Tu crois que je devrais lui avouer que Grégoire est mon ex ?

DERRIÈRE NOS MASQUES ( /Les voix des sirènes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant