27. Johan

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Ma déception est immense. J'avais presque réussi à me convaincre que Grégoire était le seul enfoiré de l'histoire, mais les preuves sont là.

Quand il m'a dit qu'il allait me montrer le vrai visage de Katarina, j'ai d'abord résisté. Ce type n'a pas l'air clean, et honnêtement, je m'en méfie. Seulement la curiosité a fini par l'emporter. Et j'aurais voulu que mes yeux me mentent. J'aurais voulu ne pas la découvrir acculée à ce mur, les bras relevés au-dessus de la tête, à la merci de cette merde qui vient de briser le cœur de ma sœur.

J'aurais bien voulu, mais la réalité s'en tape de mes souhaits.

Que ressentait-elle ? Priait-elle pour qu'il l'embrasse ? Pour qu'il la prenne par la main et l'emmène chez lui ? Pour qu'ils se perdent ensemble dans la nuit et permettent au passé de renaître de ses cendres, comme un phénix ?

Moi qui n'ai pas bu une goutte d'alcool depuis une éternité, aujourd'hui, j'ai envie de déroger à la règle. Peut-être que la C que j'ai tapée dans les chiottes m'a retourné la tête.

Même si la coke te fait brûler les calories et même si tu te mets les doigts au fond de la gorge en rentrant, tu ne peux pas avaler tout ce sucre ! Tu vas être un porc !

Les sirènes m'aident à résister à cette pulsion. Elles ont raison, si je bois, je vais devenir énorme, et en plus, les quelques filles qui m'ont reconnu pourraient vouloir dépasser les limites, parce que je suis un mec et que les mecs ont toujours envie.

C'est ce qu'on dit, n'est-ce pas ?

Un homme agressé par une femme, ça n'existe pas. Un homme, il est capable de se défendre.

Bien sûr que j'aurais pu le faire. Dans d'autres circonstances. Si je ne m'étais pas retrouvé seul dans cette chambre pour redescendre.

J'étais défoncé, juste assez pour ne plus avoir la force de me lever, mais pas suffisamment pour que mon esprit se déconnecte de la réalité. Pour que mon cerveau dépose un voile noir sur un passage de ma vie que je voudrais effacer.

Je me souviens très bien du rai de lumière qui est entré dans la pièce et m'a fait cligner les yeux. Ma tête tournait et la nausée m'empêchait de dormir.

La porte s'est refermée sans bruit, réduisant le mince filet à néant. Elle s'est approchée lentement, j'ai entendu ses talons claquer sur le plancher. Puis elle a allumé la lampe de chevet, et elle m'a souri.

Ses lèvres étaient pulpeuses, jolies. Elles avaient la couleur du sang.

Ensuite, quand elle a commencé à me grimper dessus, je lui ai dit que je ne pouvais pas. Que je ne voulais pas. Sauf que j'étais incapable de la repousser fermement. Mes gestes étaient si mous qu'elle a dû croire à un jeu. Que je faisais semblant de lutter.

Devant mon manque d'enthousiasme, elle a choisi de prendre le contrôle de la situation. Je me souviens de la résistance de ma braguette, qu'elle a eu du mal à descendre. Je me souviens qu'elle a plongé la main dans mon boxer, de sa déception en découvrant mon absence d'érection. J'ignore ce qu'elle a pu songer, à cet instant. J'ignore pourquoi elle a décidé de me capturer dans sa bouche.

Était-elle vexée ? Voulait-elle seulement me donner du plaisir ? Pensait-elle « bien faire » ?

Je me suis longtemps posé toutes ces questions, je me suis longtemps demandé pourquoi elle ne n'arrêtait pas quand je lui disais non, quand j'essayais de me dégager avec si peu d'énergie que je devais être pathétique.

Et ce que j'ignore le plus, c'est pourquoi ce putain de corps a choisi de me trahir. Pourquoi mon membre s'est finalement durci, pourquoi j'ai regardé ses lèvres rouges me sucer pendant ce qui m'a semblé une éternité, parce que je ne jouissais pas.

DERRIÈRE NOS MASQUES ( /Les voix des sirènes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant