Je suis allongée dans mon lit depuis un peu plus d'une heure, et je ne parviens pas à dormir.
Grégoire et Pétronille sont rentrés de Monaco et s'envoient en l'air. Encore.
Je n'ai même pas de boules Quiès pour me boucher les oreilles. Gipsy ronfle comme un sonneur à côté de moi. Le bruit a beau être fort, il ne couvre pas les gloussements, les cris, les gémissements et le grincement des lattes du sommier voisin. Si seulement quelques-unes d'entre elles pouvaient céder, le matelas s'effondrer, afin de les interrompre en plein coït.
— Plus fort, oui, oui, oui ! psalmodie la voix de Pétronille.
Et j'entends ce connard de Grégoire réagir plus que positivement aux suppliques de sa partenaire, en témoignent ses grondements bestiaux ainsi que le lit cognant de plus belle contre le mur.
Ça ne va donc jamais finir ? Il leur faut combien de temps pour jouir ? Ils s'entraînent pour le marathon de la baise ou quoi ?
Je caresse pensivement la tête de Mila, espérant que cela m'aidera à trouver le sommeil. Son ronronnement résonne jusque dans mon ventre.
Les minutes passent, cependant rien n'y fait, les tourtereaux n'atteignent pas la délivrance, et j'arrive au bout de ce que je peux supporter.
Je décide donc de les punir un peu. L'alcool aidant, je n'ai presque pas de remords à gâcher leur partie de jambes en l'air. Je regretterai demain, peut-être. Là, il faut absolument que je dorme.
Je me redresse sur mon lit, délogeant Mila au passage qui, courroucée, descend dans un bruit sourd en émettant un piaffement indigné et réveille malencontreusement Gips dans la foulée. Cette dernière, beaucoup plus tolérante que sa camarade, n'exprime pas la moindre contrariété.
Debout sur le matelas, les mains contre le mur, je tends l'oreille pour vérifier que le couple est toujours en pleine action, et quand un « Continue ! Oui ! Encore ! » suivi de geignements me le confirme, je décide de mettre mon plan à exécution. J'en connais une qui va déchanter, et un qui n'aura plus qu'à aller se soulager par lui-même.
— Oh putain, Johan, oui, comme ça, oui ! m'écrié-je en prenant une voix possédée par le plaisir.
Je saute alors sur mon lit pour faire grincer le sommier tout en frappant le mur du plat de mes mains.
— Johan ! Oh putain, Johan ! Ouiiiiii !
Et je continue mon cinéma, rebondissant sur mes draps comme une enfant qui joue à sauter le plus haut possible.
Fouette, excitée par tout ce remue-ménage, se met à cabrioler à mes côtés en jappant de bonheur. On dirait une chèvre noire avec des bourrelets sur le crâne. La Punaise, quant à elle, s'est sans doute éclipsée par la porte de ma chambre que je ne ferme jamais complètement pour lui permettre d'aller et venir à sa guise.
Dire que cette scène se déroule à plus de cinq heures et demie du matin. J'espère que les voisins ne vont pas appeler les flics pour tapage nocturne. Lambert en serait bien capable.
Je cesse mes acrobaties afin d'écouter ce qui se passe de l'autre côté de la cloison. Le lit ne grince plus, en revanche, je perçois des murmures. Ils sont en train de discuter.
J'hésite à arrêter, mais j'ai peur que mon intervention soit trop brève et qu'ils remettent le couvert. Aussi, je continue un peu en espérant pouvoir dormir bientôt.
— Johan, j'y suis presque ! Vas-y, étouffe la flamme qui consume mon bûcher !
Je me retiens de rire tant la phrase est nulle. Rien de tel pour casser l'ambiance que ce genre de métaphores bien pourries.
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DERRIÈRE NOS MASQUES ( /Les voix des sirènes )
RomanceLorsque Johan et Katarina se rencontrent, ils éprouvent aussitôt un profond mépris l'un envers l'autre, chacun étant campé sur ses préjugés. Forcés de cohabiter durant quelques semaines, ils vont peu à peu découvrir que derrière la colère et l'arro...