Allongée sur le flanc, j'observe Johan en train de dormir. Le rythme lent de sa respiration soulève doucement son ventre, toujours dissimulé sous son T-shirt. Je tends la main vers lui, incapable de résister à l'envie de caresser ce corps que je trouve beau en dépit de sa minceur, et qui serait tellement magnifique avec quelques kilos en plus. Le sport qu'il pratique avec véhémence lui a permis de conserver une silhouette aux muscles dessinés, mais du peu que j'en vois, il n'a pas un gramme de graisse. Il n'en est pas encore au stade cadavérique, comme sur les photos que j'ai visionnées sur Internet, pourtant il n'est pas question de le laisser sombrer davantage. Depuis qu'il est à Nice, je suis certaine qu'il a perdu du poids. Il est temps que cela cesse.
Mes doigts viennent effleurer sa cuisse, juste pour lui voler une caresse, puis s'arrêtent au niveau de son bassin. Je m'interdis de les glisser sous son T-shirt pour les faire remonter sur son ventre, respectueuse de sa demande. Sa peau est sèche, déshydratée...
J'aimerais tant l'aider... seulement j'ignore comment aborder le sujet. Je me souviens très bien de la violence de sa réaction quand je me suis étonnée de sa maigreur, le jour où nous nous sommes baignés.
Malgré mon inquiétude, un bref sourire étire mes lèvres tandis que je contemple la scène sous mes yeux. La vision de Johan – qui a remis son boxer – étendu dans mon lit est attractive, mais s'il y a bien quelque chose d'attendrissant dans ce tableau, c'est d'admirer ma belle Mila, lovée contre son flanc, somnolant paisiblement.
Quand ma chatte a-t-elle décrété qu'il n'était plus son ennemi ? Je les observe un moment, puis décide de ne pas perdre davantage de temps à rêvasser.
Je me lève, me douche, m'habille, et après avoir sorti Gips une petite demi-heure, pars frapper à la porte de Maxime.
— Ça va, ma belle ? s'inquiète-t-il en m'invitant à entrer.
— Ça va, et toi ?
— Ça ira parfaitement une fois que Grégoire sera neutralisé.
Mon ami et moi nous installons à la table de sa cuisine pour boire un café.
L'un en face de l'autre, nous nous fixons quelques secondes avant que je me décide à parler.
— Il faut que je le piège. Ou que je remporte son foutu jeu. Ou même que je le laisse croire qu'il est le vainqueur. Le problème, c'est que j'ignore comment m'y prendre.
— Je pense qu'en dehors des flics, une seule personne peut nous aider. Il suffit de la convaincre.
Je vois très bien de qui il veut parler, et je n'ai pas du tout envie de la mêler encore à cette histoire.
— Non.
— Le seul moyen d'arrêter ce mec, c'est d'avoir quelque chose contre lui, Kat !
— Grégoire a certainement très bien planqué les vidéos, ailleurs que chez lui. Il n'est pas idiot au point de les laisser traîner sous le nez de Pétronille ! Quant aux cartes SIM, elles sont sans doute déjà détruites. J'ai également fouillé mon appart la nuit dernière, il n'y a plus rien. Donc de quoi puis-je l'accuser ? Je n'ai aucune preuve ! Il n'est même pas entré chez moi par effraction ! Franchement, si je me rends au commissariat avec aussi peu d'éléments, on ne me prendra jamais au sérieux !
— Alors tu comptes faire quoi ? s'enquiert mon meilleur ami en s'adossant lourdement à sa chaise, les bras croisés sur son torse.
— Je n'en ai pas la moindre idée.
— Il va falloir agir vite, Kat ! Tu ne sais pas de quelle manière les choses peuvent évoluer ! Pour le moment, il joue, mais si la situation lui échappe et que les événements ne vont pas dans son sens, comment réagira-t-il d'après toi ?
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DERRIÈRE NOS MASQUES ( /Les voix des sirènes )
Storie d'amoreLorsque Johan et Katarina se rencontrent, ils éprouvent aussitôt un profond mépris l'un envers l'autre, chacun étant campé sur ses préjugés. Forcés de cohabiter durant quelques semaines, ils vont peu à peu découvrir que derrière la colère et l'arro...