21. Johan

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Le soleil décline lentement à l'horizon, nappant la mer d'un rose orangé chatoyant. Je suis assis sur les galets encore chauds de la plage de la baie des Anges où nous nous trouvions cet après-midi. Face à cette immense étendue, je réfléchis.

Derrière moi résonnent les sons de la circulation, et ce bruit de fond se mêle au doux clapotis des vagues qui se meurent sur le rivage. Je ferme les yeux et inspire profondément les embruns salés.

J'ai encore merdé. Ce n'est pas la première fois, ça ne sera pas la dernière. Mais là, je suis clairement allé trop loin.

Cette fille n'en finit pas de m'insuffler des émotions que je refuse de subir. Colère, jalousie, inquiétude... Pourtant il ne se passe rien entre nous. Je préfère d'ailleurs oublier que je viens de l'embrasser et qu'elle n'a pas répondu à mon baiser. Les sirènes se sont tellement foutues de ma gueule en assistant à mon échec ! Je me demande ce qui m'a pris. Elle avait les joues pleines de larmes, j'ai cru que c'était à cause de mon comportement de tout à l'heure. Ça m'a donné envie de m'excuser et j'ignore toujours pourquoi je n'ai pas utilisé les mots.

Elle découpait des oignons ! Je ne lui ai même pas arraché un frisson.

Je dois vraiment être nul.

Après m'être relevé, je marche un moment le long de la baie. En contemplant le décor paisible de la Méditerranée, je prends conscience de ma nervosité. Je n'arrive pas à m'imprégner du calme des lieux pour essayer de me détendre. Il y a une boule dans mon ventre et la sensation d'oppression qui me tenaille ne semble pas vouloir me quitter.

J'ai à nouveau ressenti du désir. Ce désir que je n'éprouvais plus depuis plusieurs mois déjà. Si elle avait fait un geste, un seul et unique geste, est-ce que je me serais laissé emporter ? Ou bien aurais-je cédé à la panique ?

Elle aurait touché ton corps. Ta graisse. Ça l'aurait dégoûtée !

Elles ont raison. De toute façon, j'ignore si, à présent, je suis encore capable de supporter qu'on me touche.

Et puis la bouche aux lèvres rouges se serait forcément imposée à moi.

Cette bouche qui a vampirisé mon être, qui a décidé à ma place. Il n'aura fallu que quelques minutes. Juste un court instant. Un court instant qui appartient au passé et continue pourtant de me consumer. Un court instant aux allures d'éternité.

DERRIÈRE NOS MASQUES ( /Les voix des sirènes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant