10. Katarina

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Mon cœur bat avec fureur dans ma poitrine, si bien que j'ai l'impression de l'entendre marteler mes côtes. Mon souffle est court, lourd, j'ai du mal à respirer. La sensation d'oppression est forte, j'ai peur de faire une crise de panique. Je dois me calmer, garder la tête froide.

Je tente de bouger, sans y parvenir : mes poignets sont attachés dans mon dos. Les liens entament ma peau à chacun de mes mouvements, provoquant de vives brûlures. À mes côtés, je perçois de lourds sanglots. C'est Leslie. Je lui parle, essaie de la rassurer, malheureusement elle ne m'écoute pas. Ses pleurs se transforment peu à peu en hurlements.

Au bout d'une corde, lentement, un corps se balance.

Un bruit strident retentit.

Une vibration.

Et je me réveille en sursaut.

Il me faut quelques secondes pour sortir de mon cauchemar et me rendre compte que le son provient de l'alarme de mon téléphone.

Je la coupe en bougonnant. Ce matin, je n'ai pas envie de me lever. Sûrement à cause de mes derniers instants de sommeil, passés en compagnie de ce vieux rêve qui revient m'assaillir de temps en temps. En plus, j'ai mal en bas du ventre. Putains de règles.

Je me laisse quelques minutes pour émerger, le temps de refouler les images et tout ce que j'ai ressenti. Quand enfin je suis prête à affronter ma journée, je quitte la douceur des draps où mes deux compagnons se reposent encore et ouvre les volets.

L'odeur de la pluie m'assaille ; je la respire avec bonheur. Dehors, les trottoirs brillent d'humidité et les passants ont sorti leurs parapluies. Je reste un moment accoudée à la fenêtre à regarder les gouttes s'abîmer sur l'asphalte avant d'abandonner mon poste d'observation pour me rendre à la salle de bains.

Une fois lavée, j'enfile un jean et un débardeur orange vif, puis attache mes longs cheveux noirs en une queue-de-cheval haute.

Dans la cuisine, Pétronille est en train de préparer le petit-déjeuner. Les arômes du café et du pain grillé flottent dans l'air. Johan est assis à la table, un verre d'eau posé devant lui.

— Salut ! marmonné-je en prenant place à ses côtés.

— Salut, répondent en chœur le frère et la sœur.

Pét et moi nous mettons à discuter de banalités tandis que Johan reste silencieux. Une fois son café terminé, ma coloc nous abandonne pour prendre sa douche avant de partir travailler.

Je me tourne alors vers Johan, il a mauvaise mine.

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

Le goujat braque ses yeux sur moi, une expression contrariée sur le visage. J'ai aussitôt le sentiment qu'il va m'envoyer balader.

— Si on te demande, tu diras que tu ne sais pas, rétorque-t-il en se levant.

— C'est à cause d'hier soir ? insisté-je en le suivant jusqu'au canapé. Parce que j'ai violé ton intimité sans le vouloir ?

Piqué au vif, il se retourne et fond sur moi. Je ne bouge pas d'un pouce.

— J'ai été filmé pendant plusieurs mois sous toutes les coutures. Donc je m'en tape que tu m'aies vu sans T-shirt ! gronde-t-il.

— Vraiment ? Alors pourquoi tu t'es couvert ?

Ses traits se durcissent et ses yeux ambrés me lancent des éclairs.

— Tu as l'intention de me casser les couilles à sept heures et demie du mat' avec tes questions de merde ?

— Le fait que tu répondes par une autre question, justement, montre que ça te dérange.

DERRIÈRE NOS MASQUES ( /Les voix des sirènes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant