Chapitre 1 : Aguerta Worssard Knows

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Je marchai dans les longs couloirs seule et plus déterminée que jamais. Mon rythme cardiaque était lent et mesuré. Mes respirations posées et puissantes. Mon regard insignifiant et altéré par l'alcool, comme je le voulais. Tout comme mes idées. Claires, précises. Mais aussi déformées et stupides.

Je savais qu'il était entré dans ses appartements. Je savais que la fête était finie. Qu'Azgar s'était retiré pour aller dormir. Et mes pas me menaient dans cette direction. Vers sa chambre nuptiale. Je devais le conquérir sur son propre territoire.

Je me retrouvai rapidement devant sa porte et m'immobilisai, déterrant au plus profond de mes entrailles le courage que je possédais. Je ne tremblais pas. Ni ne paniquais. Et je remerciai le vin pour cela. J'avalai ma salive, aussi lentement que ma gorge asséchée le pouvait et mis un pied devant l'autre.

Je clignai plusieurs fois des yeux, humidifiai mes lèvres et levai le poing vers cette lourde porte forgée. Je toquai. Une fois. Deux fois. Trois fois. Puis j'attendis. Une attente longue et insupportable. Je me refaisais en boucle la suite des événements dans ma tête, de peur de déraper.

Depuis que June m'avait ouvert les yeux, je n'avais pas cessé de penser à ce moment. Au moment où je m'offrirai au Roi. Où j'offrirai mon corps et le peu d'innocence qui me restait. Je ne devais pas agir en tant que fillette apeurée. Encore moins en tant que femme soumise. Mais en tant que future Reine déterminée.

Je ne devais laisser mes peurs guider mon avenir. Je ne devais laisser mes faiblesses altérer mon destin. Je devais accepter et affronter ma vie.

« - Entrez ! »

Ce simple mot suffit à me bloquer la respiration. Cette voix si autoritaire suscita une nouvelle fois mes faiblesses. Mais je les fis taire, relevant les épaules en soufflant. Puis j'enclenchai.

En franchissant cette porte, je devais cesser d'être Agathe. Je devais être Aguerta Worssard Knows.

Je pénétrai dans la pièce et mon regard se posa directement sur les tableaux qui ornaient les murs de pierre. Des peintures montrant la guerre pour la plupart. De la violence. Des armes. Du sang. Des morts. Des œuvres d'art morbides. Puis je tournai les yeux vers cette cheminée gigantesque, dessinée par une main de maître et qui réchauffait la pièce avec puissance, laissant ses flammes illuminer l'endroit. Un peu de chaleur dans ce lieu si froid.

Je finis tout de même par arrêter mes pupilles sur le Roi, qui me regardait avec curiosité et agacement.

« - Que fais-tu ici ? »

Je forçai mes lèvres à s'étirer en un sourire chaleureux et croisai les mains devant mon ventre pour paraître calme.

« - Je viens vous voir.

- Pour quelles raisons ? M'interrogea-t-il en fronçant les sourcils.

- Faut-il y avoir une raison pour qu'une femme vienne voir son mari ? »

Je le sentis sur ses gardes, attentif au moindre de mes mouvements et curieux de ma visite. Si seulement il savait ... N'importe quel autre homme aurait été heureux à sa place, mais lui, il était différent. Insensible.

Tandis qu'il me lorgnait de haut en bas, je profitai de son silence pour m'approcher du feu et en même temps de son corps. Je fixai les flammes, l'air innocent tout en jouant délicatement avec mon collier. Ce collier qu'il avait eu l'air d'apprécier par sa finition dans ma poitrine, dévoilée par la robe rouge. Ses remontrances avant la cérémonie démontraient que ma tenue ne l'avait pas laissé aussi froid que je ne l'aurais pensé. Il avait eu peur que je lui fasse de l'ombre avec mes courbes mises à nues.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant