Chapitre 48 : Méprisante couronne dorée

1K 136 109
                                    

« - Majesté, nous avons trouvé des gisements de Cornaline. »

J'acquiesçai, congédiant le suprême Gane, et je finis mon repas, sous le regard attentif d'Azgar, qui ne pipait un mot.

Cela faisait deux jours qu'ils étaient partis à la recherche de cette pierre précieuse capable de détruire le virus D5T2. L'ombre de la nuit m'avait informée que nous étions en possession d'une mine gardée par des Sentinelles, des Suprêmes au service de la protection des joyaux magiques. J'avais alors envoyé Gane et deux autres sorciers à la recherche de cette pierre qui valait de l'or pour Sofia et Loan.

Si je pouvais les aider, je les aiderais. Je leur donnerai alors ce gisement de Cornaline. Sauver des vies était ce qui m'importait.

Finissant ma bouchée, je bus une gorgée avant de m'affaler contre le dossier de la chaise, en soupirant. Cela faisait longtemps que je n'avais pas apprécié un tel repas. À croire que ma grossesse me faisait redécouvrir les mets incroyables de ce monde.

« - La dynastie Pallinster ne devrait pas tarder. Elle devrait arriver en début d'après-midi, m'informa le Roi d'une voix rauque qui m'ébranla. »

Je tournai mon regard pétillant vers le sien, perçant et intimidant. Son imposante carrure qui reposait nonchalamment sur sa chaise ne me laissait pas de marbre, même si l'autorité qui émanait de sa posture m'agaçait éperdument. Ne lui arrivait-il jamais de s'attendrir un instant ? De libérer ce côté paisible qu'il laissait transparaître quand ses doigts caressaient mon ventre dans la nuit ? Lorsqu'il s'endormait, son souffle s'évaporant contre la fine peau sensible de mon cou ? Non, pas délibérément.

« - Je vais avertir mes amis. Ils partiront aujourd'hui afin de libérer les chambres pour nos derniers invités.

- Bien, la fête de la victoire doit être le début d'une nouvelle ère dictée par la Déclaration. Nous ne devons pas échouer. »

Je lui souris, consciente de l'importance de cette soirée qui traçait les premières lignes d'un avenir prospère. D'un futur paisible et sans combats. C'était là une chance de tout recommencer. De tout recoller. D'unir des royaumes autrefois ennemis. D'approfondir des alliances fragiles. Nos futures générations ne vivraient plus sous la peur. Et c'était ce qui m'importait.

« - Puis-je te poser une question ? Le questionnai-je avant de reprendre face à son silence. Dois-je m'inquiéter par rapport à Marcus ? Est-il toujours en vie ou l'as-tu éliminé ? »

Ses questions s'étaient introduites dans mon esprit après la longue guerre et elles n'en étaient jamais ressorties. Je n'étais pas sereine. J'avais besoin de savoir. Mon ennemi de frère est-il mort ou devais-je craindre son retour à tout moment ?

Je ne voulais pas que mon enfant naisse avec la peur d'être un jour détrôné par son oncle. Cela me réveillait parfois dans la nuit et je n'en dormais plus. Si Azgar ne l'avait pas tué, je voulais qu'il le fasse. Je ne voulais pas garder un prisonnier.

Un homme vivant était toujours une menace.

« - Marcus s'est toujours caché derrière son pouvoir et ses armées. Et j'ai très vite compris pourquoi : une fois démuni de toute autorité et de toute protection, il ne tient pas le choc. Tu n'as rien à craindre, cet usurpateur de traître est en enfer. »

Expirant l'air retenu dans mes poumons, j'acquiesçai de la tête, soulagée. Un poids venait de s'envoler de mes épaules. Je le remerciai. Qu'importe comment il l'avait tué, il avait éliminé un de nos ennemis. Et je me sentais libérée. Apaisée. Je n'avais plus à m'en soucier.

Mes pupilles plongèrent de nouveau doucement dans les siennes, qui étaient dures mais calmes, et je lui exprimai silencieusement ma gratitude tout en me levant de ma chaise, le dos en vrac. Je fis quelques pas, voulant le dépasser pour rejoindre mes amis mais il me retint, me surprenant.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant