Chapitre 38 : Premières Douceurs

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Elle est pleinement à toi.

Cette simple phrase révélait tout. Son désir de me faire confiance et de m'accorder du pouvoir. Azgar m'autorisait à prendre les reines de Rockfort. À m'asseoir sur le trône Worssard tant que je lui restais fidèle.

D'une certaine façon il faisait un pas vers moi. Son premier pas. Peut être forcé par les événements mais il était là, devant moi, à m'offrir la perle noire de ma mère biologique. Et je lui en étais reconnaissante.

Je le remerciai de me léguer ce pouvoir. Cette influence sans violence. Ou barbarie. Il y avait certainement une manigance derrière toute cette générosité nouvelle mais en ce moment, face à mon mari, je décidai de l'oublier pour quelques secondes.

Quelque chose me disait de ne pas gâcher ce moment. Cette parenthèse calme. Presque apaisante où nos regards ne se décrochaient pas. Ne se dissociaient pas. Ne se séparaient pas, mon cœur s'emballant face à cette situation inattendue. Étourdissante. Imprévue.

Ses prunelles me fixaient avec intensité et fougue, des gouttelettes dégoulinant toujours de ses cheveux lavés et sa barbe, laissée à l'abandon, cachait les traits durs et caractériels de sa mâchoire, tout en l'amplifiant davantage.

Azgar était un homme, un roi, un guerrier, un mari sévère et autoritaire qui avait toujours gardé un parfait contrôle sur son corps. Sur son royaume. Et le voir aussi perdu et égaré face à ses propres émotions. Sentiments, cela me rendait interdite. Presque aussi désorientée que lui.

Mes membres tous entiers semblaient engourdis, la fatigue envolée comme une feuille lors d'une tempête. C'était comme si sa présence effaçait mes certitudes pour les salir et les remplacer par des pensées inavouables. Inqualifiables. Déshonorantes pour mon esprit saccagé.

Je ne savais plus quoi dire. Quoi penser. Quoi faire. Azgar ruinait absolument tout sur son passage, corrompant et détruisant tout. Et je ne faisais pas exception.

Je comprenais, avec horreur, les signaux internes que je refusais de formuler correctement.

La respiration haletante, au bord du gouffre.

Les reins bouillonnant, pétillants.

La gorge asséchée mais pas d'eau fraîche. Non de quelque chose d'autre.

Le bout des mains qui démangeait, ne supportant pas de ne rien toucher.

C'était l'apocalypse.

Dans un mouvement presque lent, le roi Knows approcha son visage du mien, ses doigts froids se fracassant sur le derme supérieur de la cicatrice de mon cou et je laissai ses lèvres entrer en collision avec les miennes, désireuses de goûter à sa bouche qui se mouva pour m'embrasser. Avec délicatesse et ardeur.

Sa barbe titilla ma peau et pour la première fois je l'accueillis ouvertement et avec tentation, lui rendant son baiser en me collant définitivement à son torse bouleversé de respirations rapides, mes mains se lovant dans sa chevelure mouillée. Son robuste bras vint m'entourer les hanches, me forçant à me mettre sur la pointe des pieds pour prolonger le contact fragile de ses lèvres et je succombai, fiévreuse de sentir sa bouche fraîche contre la mienne.

Azgar m'embrassait et se reculait avant de foncer encore plus déterminé sur mes lèvres, comme s'il prenait définitivement et inéluctablement une décision. Encore et encore, nos langues se rencontrant avec légèreté et animosité.

Douceur et agitation.

Délicatesse et étincelle.

Essoufflé, le Roi posa son front contre le mien, reprenant ses esprits et je finis par faire de petits cercles dans ses cheveux, le souffle court et les joues rougies de désir. Je me pinçai les lèvres, éprise, la saveur de nos deux salives mélangées accentuant ce sentiment de fièvre.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant