Chapitre 42 : Défaite insoutenable

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Musique de fond qui vous met dans l'ambiance au-dessus ♡ bonne lecture.

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La sensation de côtoyer la mort et la destruction me glaçait sur place, la terreur abasourdissant mes membres tremblants. Mon esprit se figeait, incapable d'ordonner d'autres mouvements que mes besoins primaires : respirer. Avaler ma salive bloquée dans ma gorge nouée. Amener l'oxygène à mes organes vitaux tout en les nourrissant d'une magie dévastatrice et incontrôlable. Ordonner à mes cellules cardiaques de se dépolariser et de se polariser en synchronisation afin de faire battre mon cœur dégorgeant de panique.

J'étais à la limite de vomir mes tripes. Mon estomac remontant mon repas difficilement avalé de la vielle.

Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit, mon ventre me tiraillant d'une peur patraque qui m'avait forcée à imaginer des scénarios plus horribles les uns que les autres.

J'étais entourée de filaments magiques démoniaques. Je ressentais ces démons comme un avertissement et une menace prémonitoire. Je les sentais et ils nous sentaient certainement également. Nous devions être perçus comme un repas frais et servi sur un plateau d'argent. Et cette simple pensée m'horrifiait encore un peu plus à chaque minute qui nous séparait.

Nous courrions droit vers la Mort. Vers un funeste destin. Vers l'extinction. Alors lorsque je perçus les premiers rayons du soleil au loin, éclairant les montagnes enneigées, je serrai davantage la mâchoire sur l'étalon, me préparant mentalement et physiquement au pire.

Tout l'espoir de la survie de ce monde reposait sur nos épaules tremblantes et accablées.

Je lorgnai les rangées silencieuses de soldats terrorisés, leurs carrures paraissant insignifiantes malgré la marée noire d'humains prêts à se battre contre le diable. Les suprêmes encadraient les troupes, nos pouvoirs reflétant la seule et véritable arme que nous possédions. Chaque sorcier maîtrisant le feu était un atout qui devait absolument être protégé. C'était la seule faille de nos ennemis : les flammes.

Le cheval tout en muscles avançait, frémissant et secouant la tête en désapprobation. Il n'aimait pas plus la route que nous prenions que nous. Lui aussi sentait le danger. Comme un énorme panneau que nous franchissions délibérément avec appréhension.

On entendait le son brut et laborieux des sabots et des pas des guerriers épuisés qui étaient souvent alcoolisés pour affronter la suite, telle une marche funèbre. Sinistre. Macabre. Seuls quelques ploiements d'ailes du Phoenix venaient rompre ce silence oppressant et mortuaire.

C'était insoutenable comme sensation.

Je jetai un coup d'œil vers Azgar qui regardait fixement devant lui, ne montrant aucune faiblesse alors que lui non plus n'avait pas fermé les yeux de la lugubre nuit. Nous n'avions même pas parlé, nous nous étions seulement allongés sur la paille, se contentant de la présence de l'autre pour affronter la noirceur de la lune. Le temps était paru long et si rapide à la fois.

Mes paupières me brûlaient de fatigue et ma magie interne devait aussi surchauffer car je transpirais abondamment, mes mains moites glissant sur les rênes. Des frissons parcouraient l'échine de ma colonne vertébrale, la remontant avec désespoir et supplice. J'avais hâte d'en finir avec tout ce stress oppressant et asphyxiant.

« - Les démons sont droits devant nous, déclara un éclaireur aux yeux grands ouverts en revenant vers nous.

- Bien, préparons-nous à l'attaque ! Tout le monde en rangs ordonnés. Je ne veux voir aucune armure, mettez bien vos boucliers en avant ! Et surtout je ne veux voir aucun démon franchir les lignes ! »

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant