Chapitre 17 : Before

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La reine était d'une beauté légendaire, même à son âge. Je pouvais très clairement imaginer les nobles lui faire la cour devant sa fine silhouette métissée. Ses cheveux blancs étaient tirés vers l'arrière de son crâne, libérant son visage pur et aiguisé.

« - Asseyez-vous. Je souhaitais faire votre connaissance seule à seule avant d'entamer les négociations. »

Je souris faiblement, légèrement intimidée et pris place en face de la reine Divina qui dégustait ses fruits tropicaux riches en eau.

Voulait-elle se faire sa propre opinion à mon égard ? J'avais cette impression que c'était ce qu'elle voulait me dire.

« - J'ai beaucoup entendu parler de vous. »

Je restai sur mes gardes, la gorge asséchée, ne sachant pas si les rumeurs que la reine avait entendues étaient avantageuses ou non pour ma personne.

« - Une si jeune femme qui gravit aussi vite les échelons ne passe pas inaperçue. »

Je gardai un sourire courtois sur mes lèvres tout en essuyant discrètement mon front trempé de sueur, mes yeux me piquant de fatigue. Effectivement, mon nom devait être dans toutes les discutions.

Des personnes les plus influentes aux paysans les plus reculés.

Et c'était effrayant. Que racontait-on sur moi ? Essayait-on de me discréditer ? Certains devaient forcément essayer. Et que valait ma voix face à toutes ses rumeurs ? Je n'avais même pas pu faire mes preuves.

Le temps jouait contre moi.

« - Quelle importance accordez-vous aux rumeurs Aguerta ?

- Malgré notre volonté, les rumeurs fondent notre opinion et même si l'on ne veut pas y prêter attention, on les écoute et on les assimile bien plus qu'on ne le voudrait, répondis-je honnêtement. »

Ses lèvres s'étirèrent en un léger sourire et elle finit par me tendre un fruit, que j'acceptai volontiers, son regard azur s'immobilisant dans le mien.

« - Il est vrai que peu de personnes arrivent à contourner ses choses dites par un autre. Je n'en connais, pour ma part, aucun. »

Mes dents s'ancrèrent dans ce fruit goûteux et délicat qui laissa son jus gicler sur mes pupilles gustatives, ce qui amorça un soupir de satisfaction. C'était juste succulent.

« - Les paroles traversent bien plus vite une région qu'une personne ne pourrait le faire. Les murmures, les déclarations, les lettres sont nos ennemis intérieurs. On ne pourra jamais les arrêter, seulement les contrôler, continua-t-elle d'une voix douce et mélancolique. »

La reine avait raison. Je le savais et personne ne pourrait la contredire. C'était un fait avéré qui ne se discutait pas.

La population se faisait une opinion sur nous bien avant qu'on ait pu les rencontrer.

« - Mais une chose est certaine, reprit-elle, maintenant que je vous ai en face de moi, je vois bien que votre ventre est aussi plat qu'une enfant. »

Interloquée et surprise, je baissai mon regard vers cette partie de mon anatomie qui remuait à cause de mes respirations. Aussi plat qu'une enfant ? Pourquoi ?

Voulait-elle qu'il soit ... arrondi ? Que je sois enceinte ?

J'écarquillai les yeux devant son aveu qui me terrifiait. Attendre un bébé d'Azgar était l'une de mes pires crainte. Cet enfant ne serait même pas encore né qu'il aurait déjà une cible dans le dos. Ce serait une déclaration de guerre.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant