Chapitre 40 : Face cachée

775 115 44
                                    

Hémeron, le dieu de la guerre, me faisait face avec prétention et vanité. Presque avec une once d'arrogance et d'orgueil. Comme si la petite personne que j'étais n'était qu'un grain de poussière dans le désert, cherchant en vain à trouver sa voie entre des dunes toutes aussi inatteignables qu'identiques. Hémeron avait une telle supériorité dans son regard doré que ça en était fabuleux et contrariant.

« - Tu as énervé les dieux. Et Dieu seul sait que ça faisait longtemps que ça n'était pas arrivé, narra-t-il en se délectant de mon incompréhension. »

Je serrai la mâchoire pour m'empêcher de dire des paroles que je pourrais très vite regretter et repris d'un calme qui me surprit moi-même :

« - Pourquoi donc ? Qu'aurai-je fait qui aurait agacé l'Olympe ?

- Le phœnix est une entité d'Aistos lui-même. C'est une partie de son pouvoir et toi tu l'utilises vulgairement pour conquérir le trône du roi Marcus, m'expliqua-t-il en me pointant du doigt dénigrement.

- Vulgairement ? Avez-vous seulement une autre solution pour gagner cette guerre que vous regardez avec indifférence de votre piédestal ? Une solution pacifiste qui ne demanderait pas de morts inutiles ? »

Je tentai de contrôler ce flux d'énervement qui m'envahissait de part en part face à leurs reproches infondés et le fusillai d'un regard glacial qui en disait long. Les dieux, ces êtres dominants, observaient sans agir et osaient réprimander ceux qui se démenaient pour trouver la solution la moins meurtrière.

Ils osaient me sermonner alors que j'avais fait de mon mieux. Que j'avais dû ordonner l'assassinat de centaines de soldats qui ne s'étaient pas pliés à mon autorité. Et cette décision m'enfonçait dans la mélancolie comme un sable mouvant : avec certitude et lenteur. Je savais que ces images et mes ordres allaient me hanter toute ma vie et les dieux osaient dénigrer ce sacrifice ? Qu'ils aillent au diable !

« - La guerre contre ton demi-frère n'était pas honorable pour le Phoenix ! Les dieux n'avaient pas à intervenir, même indirectement, dans les querelles de simples mortels !

- Des querelles ? M'emportai-je malgré moi. Des milliers d'hommes étaient en train de mourir et vous osez appeler cela des querelles ? Dans quel monde vivez-vous ? Êtes-vous à ce point inhumanisés ? »

Je voyais rouge, la fatigue et les nerfs voilant mon raisonnement et ma raison d'un trouble qui m'empêchait de rester silencieuse face à de telles accusations.

J'en venais à penser que prier de tels dieux était une honte et une cacophonie. Étaient-ils si imbus de leurs personnes pour regarder des hommes et femmes mourir sous leurs yeux supérieurs ?

"De simples mortels" ! Des mortels oui mais les rabaisser à de simples mortels non. Savoir que l'on pouvait rendre l'âme à chaque moment de la vie rendait celle-ci captivante et enrichissante. Comme une aventure. Et c'était ce qui nous rendait plus fort. Plus fort qu'eux.

« - Nous vous avons créés afin d'assouvir toutes les possibilités d'avenir pour notre rang. Nous ne pouvons pas intervenir dans la destruction d'un village. Contrée. Royaume. Ou même dans la destruction d'un monde. Nous apprenons de vos erreurs.

- La meilleure façon d'apprendre des erreurs est de les avoir commises soi-même et d'en tirer ses propres conclusions. Vous êtes là à dénigrer les différents mondes que vous avez construit au lieu de les renforcer. De les emmener vers un avenir meilleur, un avenir plus prospère.

- Ce n'est en aucun cas de notre ressort. La dernière fois que les Dieux sont intervenus dans ce monde c'était juste un rappel à l'ordre. Les sorciers se pensaient supérieurs à nos droits et nous les avons seulement remis à leur place lorsqu'ils ont voulu prendre le contrôle de ces contrées. Nous n'aimons pas les provocations. »

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant