Chapitre 21 : Moment intime

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Les bras posés avec fragilité le long du bord, je laissai mon corps vaguer aux faibles mouvements des vagues amenées par le vent. C'était relaxant, mes yeux s'étaient fermés pour apprécier davantage ce moment d'intimité. Je sentais la séparation entre l'eau et l'air le long de mon dos, des frissons de plaisir me surprenant lorsque la bourrasque de vent emmenait une vague plus haute que les autres.

Le soleil attaquait mon corps détendu, brûlant légèrement ma peau qui prenait ce goût salé sous la sueur et les rayons lumineux. C'était appréciable.

Je ne saurais dire combien de temps je restai ainsi, dans mes pensées, ma tête reposant durement contre le sol mais lorsque je rouvris à contre-coeur mes paupières, me sentant observée, je soupirai de bien-être, les muscles sans vie.

Je laissai mes lèvres s'élargirent, imaginant la servante venir à ma rencontre pour me préparer, et passai mes mains humides sur mon visage rigide sous ce soleil tapant. J'aurais pu y rester des heures, bercée par le son voluptueux des faibles vagues et de la nature. Les gouttes d'eau perlèrent le long de mes joues, un sentiment de paix me prenant aux tripes. J'étais si paisible.

Prenant un dernier souffle pour me donner de l'assurance, mes sens reprirent du service et mes yeux s'écarquillèrent instantanément en sentant une présence étrangère dans mon dos. Je me retournai sur le qui-vive, mon cœur ratant un battement qui le propulsa contre ma cage thoracique, sous le choc et mes yeux se plantèrent instantanément dans les siens, voilés de désir et de domination.

Oh non ...

La stupeur me paralysa devant l'intensité de son regard, mon sang affluant dangereusement à mes organes vitaux internes et je sentis mes reins se contracter - pour je ne savais quelle raison. L'avertissement dans sa démarche bestiale et conquérante éveilla en moi un doute inexplicable et grandissant qui m'obligea à chercher une issue de secours aux alentours.

Nous étions seuls et mes muscles ne me répondaient plus, statiques.

« - Que ... faites-vous là ? Lui demandai-je confuse. »

Azgar m'ignora, son robuste corps se retrouvant à quelques centimètres du mien, tremblant. Que voulait-il ? Que cherchait-il ? Prise par surprise, je me sentis rougir de gêne lorsque ses prunelles dévorèrent mes courbes mises à nues sous l'eau.

Pourquoi m'avait-il rejoint ?

Cette question me troubla bien moins que lorsque ses yeux épousèrent de nouveau mes formes avec convoitise et admiration, m'obligeant à cacher ma nudité en entourant ma poitrine de mes bras et en serrant les cuisses. Que lui arrivait-il ? Le duel lui était-il tombé sur la tête ?

Je ne reconnaissais plus l'homme acerbe et répugnant qui usait de la violence, et cela me terrifia. Ce spécimen en face de moi était un homme à l'état brut qui désirait ardemment quelque chose, ce qui accentuait son air grave énigmatique. Je ne savais plus sur quel pied danser ni comment appréhender la suite.

La gorge comprimée par une boule d'angoisse, je l'observai se mouver jusqu'à mon corps, tel un animal marin en chasse, ses mains se positionnant de chaque côté de mes épaules, les frôlant. Je frissonnai, ne sachant comme réagir et levai le visage afin de garder ce contact visuel intensément intimidant.

Nous étions en tenue d'Adam et Eve, comme deux inconnus se cherchant. Nous ne connaissions rien de l'un ni de l'autre. Nous étions ignorants des formes du prochain tout comme nous ignorions les conséquences de nos courbes réunies avec passion. C'était flippant. Dérisoire.

Déglutissant malgré moi, mon cœur bondit dans ma poitrine lorsque son souffle s'écrasa sur mon nez, la fine odeur de vin paralysant mes narines. Il n'était pas soul, ses iris montraient bien qu'il était parfaitement conscient de ses actes.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant