Chapitre 11 : Départ précipité

1K 128 34
                                    

Je regardai Azgar partir à la volée, tourmentée et lorsqu'il claqua la porte derrière lui, je soupirai, complètement désorientée et affaiblie.

Que venait-il de m'arriver ?

Je me pinçai les lèvres ensanglantées, ma main touchant ma joue qui me lançait de douleur, la peau du Roi infiltrée sous mes ongles abîmés. J'avais mal, mes blessures accentuant ces maux de tête indésirables et insupportables. Cette même douleur qui m'avait fait perdre pied alors qu'Azgar s'enfonçait avec haine et envie en moi, m'empêchant de réfléchir et de le repousser.

Je l'avais laissé faire. Je l'avais laissé prendre mon corps soumis au moindre coup de rein. Ces râles de plaisir se répercutaient encore dans mon crâne de synapse en synapse comme un mauvais rêve. Ces grognements de mépris m'avaient troublée, la confusion et la peur s'immisçant au plus profond de mon âme sensible. S'infiltrant tel un poison mortel détruisant toute raison sur son passage.

Il s'était faufilé dans mon esprit et il avait tout saccagé. Il avait contrôlé une partie de moi exténuée. Et je me sentais une nouvelle fois salie. Déshonorée.

Je toussai, la racine de mes cheveux douloureuse comme si sa poigne agrippait toujours ma chevelure et je refermai mollement mon peignoir, couvrant le peu de dignité qu'il me restait.

J'avais voulu qu'il me désire. J'avais agi pour qu'il me voit mais maintenant que c'était le cas, la panique m'enveloppait tel un mauvais présage. Comment allais-je faire pour gérer ce plaisir tout aussi destructeur que sa violence ? Il était dans les extrêmes. Azgar ne pouvait pas agir dans la légèreté et la douceur, non il ne pouvait pas le faire.

Et il ne savait pas le faire.

J'allais subir ses sauts d'humeur autant que sa brutalité et ses pénétrations. Et cette simple vérité me terrifiait. Il allait me démolir. Pierre par Pierre. Mur par mur. Colonne par colonne. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de moi qu'un corps pour pleurer.

Il franchissait des barrières de mon âme et je n'en avais conscience que lorsqu'il les avait déjà enjambées. Et qu'il était trop tard pour les renforcer. Azgar était un homme sans pitié et il en aurait fini que lorsqu'il aura absolument tout obtenu de moi. Et j'avais peur de lui léguer des choses inavouables.

Je me relevai péniblement, les membres engourdis et tremblants, cherchant un moyen de me protéger. De protéger mon esprit à ses démons. J'avais voulu lui être vitale mais je me rendais maintenant compte que je n'avais pas la force nécessaire pour supporter cette facette d'ombre qui le rendait inhumain.

Je n'avais pas les épaules assez larges pour ne pas tomber dans sa chute.

« - Majesté ? Risqua une petite voix. »

Je relevai le menton ruisselant de sueur et aperçus le regard inquiet de June qui n'osait pas m'approcher.

« - Peux-tu me faire couler un bain ? Et évite de m'appeler ainsi, tu risques ta vie, murmurai-je. »

En effet, certains servants me nommaient par ce haut rang qu'ils estimaient de mon droit lorsqu'Azgar avait le dos tourné mais, au vu du mépris qu'il avait à mon égard, un simple lapsus en sa présence pouvait finir mal. Très mal. Et je ne voulais pas de ce sort pour June. Ni pour aucune autre personne.

Je m'en étais rendue compte très tard et je savais que j'avais eu de la chance que ses appellations ne remontent pas jusqu'à ses oreilles.

« - Appelle-moi madame, terminai-je alors qu'une grimace hésitante peignait son doux visage encadré par une coupe garçon.

- Bien madame, j'y vais tout de suite. »

Je lui souris faiblement, presque amorphe, l'épuisement détruisant le peu de forces qu'il me restait. J'aurai voulu me recoucher, pansant mes plaies par un sommeil profond mais je voulais aussi nettoyer mon corps humide de nos ébats déroutants, sentant la transpiration d'Azgar se fondre à la mienne.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant