Empires II : Conquête

FINAL EMPIRES

« - Reine Aguerta Worssard Knows première de nom, appartenant à la dynastie sainte de Rockfort et à la dynastie sacrée Nordyar. Protectrice et gardienne du peuple. Souveraine des Suprêmes au sang pur des premiers Dieux. Mère du Phoenix. »

Je gardai le dos droit, mes respirations laborieuses épousant l'air glacial de la nuit. Je sentais mon cœur battre violemment dans ma poitrine face à la grandiose annonce de ma présence. Les responsabilités décrites et véritables étaient incontestablement terrifiantes et prenantes. Comme un rappel de ce que j'étais. De ce que je représentais. De mes origines et de ce vers quoi je devais emmener mon monde : vers un avenir prospère et glorieux.

Je ne devais pas m'écrouler, même si mon corps fatigué par le petit être qui y grandissait me criait de m'allonger. De me reposer. Mais j'étais la première pierre de la création de ce nouvel univers florissant par une paix durable.

J'étais le toit sous lequel les peuples devaient s'abriter.

J'étais le mur porteur sur lequel la déclaration devait s'épauler.

J'étais l'édifice par lequel les autres royaumes devaient se rallier.

Je ne devais en aucun cas faillir à ma tâche.

Soufflant un bon coup pour me donner le courage d'affronter toute cette assemblée qui devait croire en moi. Qui devait compter sur moi. Qui devait se rassembler derrière moi, je tournai le visage vers Azgar à mes côtés qui avait positionné sa couronne en fer forgé sur sa chevelure brune.

Le Roi, concentré et sombre, se tenait à ma droite, le regard dominateur et impérieux. Le simple contact de nos paumes réunies ravivait des frissons incontrôlables le long de ma colonne vertébrale et lorsque le crieur annonça la venue de mon époux, ses obscures prunelles plongèrent à son tour dans les miennes.

Mon cœur s'emballa devant l'intensité et la douceur de ses pupilles dévastatrices qui me provoquèrent une décharge électrique de la nuque jusqu'à l'arrière de mes genoux. Rien n'était dérisoire. Modeste. Ou encore négligeable. Non. C'était complètement bouleversant. Poignant. Palpitant. Mes neurones se délectaient de cette puissante attraction entre nos deux corps si chétifs, vigoureux et redoutables.

Ensemble nous étions invincibles. Indétrônables. Irréfutables. Nous incarnions la puissance. Le pardon. La paix. L'avenir. Je me sentais si vulnérable et foudroyante à ses côtés, comme si lui seul pouvait m'abattre mais que rien d'autre ne pouvait m'atteindre.

Il était devenu une faiblesse indomptable.

Face à la vigueur de sa poigne, mes yeux étudièrent la férocité de sa carrure de guerrier, et tandis que les flammes des bougies se reflétaient sur ses sombres iris, j'entrelaçai nos doigts, nos mains en suspend dans le vide. Son sérieux imperturbable se fissura légèrement, mes pensées virant sur les moments complices que nous partagions en pleine nuit. C'était ainsi.

Azgar était un roi à la sentence inébranlable. Un guerrier aux exploits glorieux et dangereux. Un mari autoritaire et intransigeant. C'était une figure redoutée qui faisait trembler les plus courageux. Mais dans les moments les plus intimes, il se révélait être aussi tenace que tendre. Aussi Indéfectible qu'attentionné. On ne savait jamais sur quel pied danser. C'était à la fois épuisant et attirant.

C'était comme vivre un tourment voyage où les jours s'accumulaient sans jamais se ressembler et sans jamais peindre le décors d'un couple parfait.

Je fus rapidement coupée de mes pensées par un flot de lumière qui envahit mon cristallin, la porte s'ouvrant devant nous sur une assemblée influente et couronnée. Chaque royaume était présent. Tous avaient fait le déplacement afin de concrétiser le sceau de la déclaration. De ce manifeste qui nous liait par des accords au-delà des frontières. Des croyances. Des alliances. Des conflits.