chapitre 8 : Mercenaires

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Lorsqu'il referma brusquement la porte derrière lui, faisant trembler les murs, je soupirai, relâchant subitement la pression. Je passai mes mains moites sur mon visage, reprenant mes esprits après cette conversation inattendue. Mes membres tremblaient légèrement, mes pensées ne pouvant oublier son regard noir enragé. Il aurait pu me détruire. Il le voulait. Le pouvait. Mais il ne l'avait pas fait. Pourquoi ? Pourquoi avait-il accepté ma trahison ? Avait-il une idée derrière la tête pour me faire payer mes actes ?

Sa venue avait été si imprévisible, surprenante que je ne savais pas comment réagir, même après son départ précipité. Que voulait-il de moi ? Qu'attendait-il de moi ? Il voulait me posséder corps et âme pour mieux me détruire. Azgar convoitait absolument tout de moi, jusqu'à mes propres cauchemars. Pourtant il n'avait pas pu être aussi cruel que les autres fois. Il ne m'avait pas possédée avec violence, ne m'avait pas violée, ni battue. Non, il avait seulement usé de son regard aussi obscur que les ténèbres.

Noir. Sombre. Comme si l'enfer le dominait. Le possédait.

Et j'en avais encore des frissons qui me remontaient le long de l'échine, me refroidissant de peur. Il était Satan. Le Diable ... mais Azgar avait un cœur. Un cœur enfouit au plus profond de ses entrailles, qui battait seulement pour sa propre survie, parce que c'était un humain.

Encore sous le choc de cette discussion, je me servis un verre d'eau, ne supportant plus l'assèchement de ma gorge. J'hydratai mon organisme, m'asseyant et soufflai pour reprendre mes esprits.

La Reine Divina souhaitait me rencontrer. Pourquoi ne m'en avait-elle pas informée personnellement ? Était-ce un piège ? Personne à part Enrick ne savait que j'entretenais des négociations avec les autres royaumes. Alors pourquoi Azgar était-il au courant ? Qu'est-ce qui m'échappait ?

Ne me déçois pas ...

Ces derniers mots, soufflés contre ma joue figée, me tourmentaient. Que voulait dire Azgar par-là ? M'autorisait-il à aller la voir sur ses terres pour parlementer ? Me testait-il ? J'aurai pu le croire, en être convaincu si seulement ... lui-même n'avait pas été surpris par ses propres paroles, comme si cette phrase avait dépassé sa pensée, était sortie de sa bouche sans réfléchir. Était-ce mauvais signe ou bon signe ? Son tourment cachait-il un profond tracas pour son trône ? Pour son peuple ? Ou cachait-il autre chose ? Il était si difficile à cerner.

J'entendis la porte s'ouvrir de nouveau puis se refermer. Je levai alors la tête et aperçus Enrick debout face à moi, le regard glacial. Je m'adossai contre le dossier de ma chaise et soutins ses yeux perçants. Je ne céderai pas. Il m'avait ouvertement manquée de respect et m'avait insultée quelques minutes auparavant. Si j'avais pu lui pardonner ses précédents actes, là je ne le ferais pas. Parce que je ne pouvais pas et ne voulais pas. Le doute grandissait et nous éloignait à grands pas mais cette distance était bénéfique. Je devais apprendre à gérer seule. À régner seule.

Si Azgar était au courant pour les corbeaux, Enrick pourrait être derrière tout ça. Il savait tout et cela devait changer.

Et pourquoi crois-tu que je suis là ? Pour baiser les femmes du Nord et goûter à l'alcool de la région ? Pour m'affrioler d'une future reine ? Je suis là pour ta protection !

Les derniers qu'il m'avait jetée à la figure me restaient en travers de la bouche. Pour qui me prenait-il ? Une fragile ? Une soumise ? Une pute ? Son ton méprisant me déplaisait et même s'il ne pensait pas ce qu'il disait, il l'avait dit et le mal avait été fait. J'avais été blessée dans ma fierté et je ne lui permettrai plus jamais de s'approcher aussi intimement de mon âme ... et de mon corps.

« - Sont-ils arrivés ? l'interrogeai-je fermement.

- Ils t'attendent.

- Bien, ne les faisons pas attendre plus longtemps alors. »

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant