Chapitre 36 : Phase Finale

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Nous venions d'enraciner un doute sur la couronne de Marcus dans l'esprit de ses compatriotes ainsi que de ses alliés sans qu'il ne s'en rende compte, trop préoccupé à détruire le roi Knows. Nous pouvions passer à la suite des événements.

Je reculai vers l'armée de mon mari, le stress m'enveloppant tel une tornade destructrice. Notre stratégie devait fonctionner. Beaucoup trop de vies en dépendaient.

L'étalon lancé au grand galop, j'armai mes muscles à supporter les soubresauts tandis que mon don se mouvait doucement dans mon organisme en ébullition, prêt à déferler une tonne de magie sur l'adversaire. Je me concentrais pour contrôler ce pouvoir grandissant, appelant silencieusement le phœnix à me rejoindre et arrivai rapidement devant les troupes alignées de combattants du Nord.

Les visages étaient fermés. Épuisés. Anxieux. Tous attendaient avec crainte et désespoir les ordres de leurs supérieurs. De leur roi qui se positionnait devant eux, prêt pour la suite du plan.

« - Combien d'hommes de Rockfort vont nous suivre sans cette démonstration ? demandai-je à l'ombre de la nuit qui me suivait.

- Trois régiments sur dix d'après Enrick. Ils sont prêts à abattre ceux qui ne plieront pas leurs genoux. »

J'acquiesçai, le plan portant ses fruits.

Tous comptaient sur moi. Sans exception. Je ne devais décevoir personne et encore moins Enrick qui m'attendait impatiemment de l'autre côté du champ de bataille, à côté de Marcus qui donnait des ordres à ses soldats. Il risquait plus sa vie que n'importe qui d'autre en jouant un double jeu. Et j'évitai difficilement d'y penser de peur de perdre les pédales.

Nous avions tous un rôle à jouer et je priai intérieurement que celui du soldat aux yeux verts ne soit pas de mourir pour moi.

Prenant de grandes inspirations, je calmai ce flux ardent de magie dans mon organisme et captai rapidement l'aigle au sommet de la montagne qui attendait sur une branche et observait la vallée meurtrière. La tension était palpable à des kilomètres à la ronde, nos soupirs s'évaporant dans une atmosphère glaciale et rigide qui crispait chacun de nos muscles.

« - Ils se mettent en marche, m'avertit l'ombre de la nuit. »

Effectivement, l'adversaire avançait dans notre direction, boucliers et armes brandis. Je les lorgnai de loin, les rangées synchronisant leurs pas qui faisaient presque trembler le sol de terreur et je donnai le signal aux Suprêmes. C'était à nous de rentrer en jeu. En scelle.

Je donnai deux coups précis à l'étalon qui partit au galop et je traversai de part en part la première ligne de défense de mon mari, le poing dirigé vers le sol, créant ainsi une ligne de feu pour nous protéger. Je me concentrai, mes oreilles bourdonnant en entendant le bruit des chevaux de mon armée qui se mettaient en place, et une fois arrivée à l'autre extrémité, je stoppai mon étalon qui se replaça face à l'ennemi, frémissant d'impatience.

J'observai quelques secondes les soldats légèrement décontenancés qui avançaient pour nous pulvériser, une odeur de brûlé se mêlant aux flocons de neige qui refaisaient leur apparition et je fis demi-tour, les sabots de l'animal en muscle écrasant des débris de restes humains, pour approcher Azgar qui me contemplait. Je captai ses prunelles et passai sans un regard devant les Suprêmes, qui s'étaient positionnés devant les hommes du Nord, jusqu'à rejoindre mon mari au centre de la première ligne de ses guerriers.

Nous nous regardâmes longuement et fixement, nos émotions s'entremêlant sans jamais se dissocier une seule seconde, jusqu'à ce que le Phoenix prenne une place trop encombrante dans mon esprit pour qu'une toute autre personne ne puisse y subsister. Je me retournai alors, la neige s'étalant sur mon cuir chevelu trempé, et dans un soupir non dissimulé, je pris place devant l'armée des sorciers, seule et plus démunie que jamais.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant