chapitre 5 : Vide intérieur

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« - Le feu fait partie intégrante de ton âme, de ton corps. Tu le possèdes. Il te possède. Vous ne faites qu'un. »

Je pouvais entendre mon cœur battre excessivement vite, comme s'il savait. Comme s'il sentait. Mes oreilles bourdonnaient, le feu brûlant bruyamment à sa racine, prenant essence même dans la terre ensevelie sous ces virages du bleu à l'orange vif. Les étincelles des flammes dansaient dans mes yeux émerveillés et dépassés par ce monstre sans visage, montrant leur grandeur à ma personne pourtant si insignifiante à ses côtés.

« - Il ne peut te détruire comme tu ne peux le détruire. Vous êtes égaux, contrôlant ce que l'autre peut contrôler. Si tu veux le maîtriser, tu devras accueillir son énergie, la neutraliser et l'accumuler dans ton être. Tu ne peux faire disparaître ce qui est primaire. Et le feu est primaire.

- Que dois-je faire alors ? l'interrogeai-je susceptible.

- Entre en contact avec lui et donne-lui. Donne-lui ton âme. Donne-lui ton corps. Donne-lui ton cœur. Donne-lui ta raison. Tout ce qui t'appartient doit lui appartenir. Seulement ensuite tu pourras lui léguer le phœnix.

- Comment ? repris-je perdue.

- Prends ce morceau d'anneau doré et introduit le dans ta veine cave. Ainsi tu te libèreras. »

A l'entente de ces mots, je me figeai d'effroi, des souvenirs refaisant surface. Les tests. Les livres qui avaient été découverts à O.W et qui avaient fini brûlés pour me protéger. Je pensais avoir échappé aux tests sombres mais apparemment ils me rattrapaient. Me collaient à la peau. C'était un passage obligatoire. Je devais affronter mon don.

Je devais le dévoiler et ainsi le libérer.

Je devais passer le test mais aujourd'hui je savais que je ne pouvais pas mourir. Je savais ce qui murissait en moi. Je n'étais pas une humaine ordinaire. J'étais bien plus que cela.

« C'est un rite. Un morceau de l'anneau doit être introduit dans la veine cave de la personne suspectée. Aucun humain ne survit. Par contre, si la personne est dotée d'un don, elle peut résister grâce à la sorcellerie. »

Mon estomac remua dans mes entrailles, la panique m'ensevelissant comme une tempête de neige. Je n'étais pas sûre d'y arriver. D'en ressortir saine et sauve malgré tout.

Mais je savais aussi que je devais le faire."

C'était le néant. Le vide. Comme si une partie de moi s'était envolée pour ne jamais revenir. Le gouffre de la solitude m'enveloppait. Me réduisait. M'enfonçait dans les méandres d'une vie sans fin. Je me sentais seule, incapable de surmonter ce vide intempestif et sauvage.

Jamais je n'aurai pensé vivre sans lui car il faisait parti de moi comme un organe vital, pompant mon sang oxygéné. Comme un muscle se contractant et se décontractant au rythme de mes mouvements. Comme un neurone envoyant un message nerveux d'une partie de mon corps à une autre.

C'était comme une hormone. On ne la sentait pas. On ne la voyait pas. Pourtant elle était là, agissant sur mon organisme, l'influent par sa présence. C'était ainsi que je voyais cet animal flamboyant qui m'était si durement retirée. Comme une fonction vitale et virale.

Je ne remarquais réellement sa présence que depuis que je ne l'avais plus en ma possession. Et le Phoenix avait emmené avec lui tellement de mon énergie, que je n'arrivais pas à me réveiller de ce sommeil profond et infini qui m'attirait tel un aimant pansant mes plaies ouvertes.

Je me sentais démunie et apaisée par ce long silence propice aux rêves et aux cauchemars. Cela rendait mon corps amorphe. Détendu. Vide.

Je ne saurai dire combien de temps je restai ainsi à profiter de cette solitude et de ce calme intersidéral mais lorsque je finis par bouger délicatement mon pied, ce simple geste me demandant un effort surhumain, je sentis alors une présence se précipiter sur mes membres frêles, une main touchant délicatement mon bras.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant