Chapitre 23 : Blessures de guerre

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Mes paupières étaient lourdes et des croûtes s'étaient logées autour de mes cils durant cette première courte nuit agitée après le début des négociations. Je finis par étaler mes jambes sous les draps pour les dégourdir et je me frottai les yeux afin d'enlever ces saletés encombrantes.

La chaleur commençait déjà à s'accumuler, cet endroit était un four ambulant ! C'était un enfer ! Je sentais la robe me coller au dos, la racine de mes cheveux humide au niveau de mon cou, c'était désagréable. Mes mains moites cherchaient la fraîcheur hors du lit mais rien à faire, il faisait déjà trop chaud.

Je soupirai et finis par ouvrir les paupières, les rayons du soleil m'aveuglant un instant le cristallin d'un flot lumineux jaunâtre puis je me retournai sur le dos, mes mains venant réveiller mon visage engourdi de fatigue. Cette nuit avait été l'horreur.

Jamais je n'avais autant cogité. Je n'avais pas su trouver le sommeil profond et cela allait jouer en ma défaveur.

Je n'avais pas arrêté de penser aux négociations et à ce que nous avions cédé la veille : mon premier enfant. Et ce constat laissait l'amertume s'infiltrer dans mon âme. J'aurai voulu que cet enfant choisisse sans contrainte son mariage.

Je déviai mon regard encore flou à mes côtés, en soupirant de désespoir, et avec stupeur j'y trouvais Azgar endormi. Je fronçai les sourcils, me relevant sur mes coudes et observai attentivement ce mâle.

Il dormait paisiblement, son torse se soulevant au rythme de ses calmes respirations et son front ruisselait de sueur, qui dégringolait sur sa mâchoire carrée. Les bandages, encore plein de sang, lui entouraient l'abdomen et l'épaule, les blessures encore peu cicatrisées.

Il avait l'air de bien dormir.

Encore sous le choc, je posai mes pieds hors des draps, lui tournant le dos et quittai le lit. Je comprenais mieux les tourments de cette nuit. La présence du roi m'avait empêchée de trouver le sommeil.

Je marchai discrètement jusqu'au balcon, passant le faible voile qui me séparait de l'air matinal et je soupirai d'aise en sentant le vent sécher ma transpiration. Je soulevai mes cheveux, afin de laisser l'air s'engouffrer sur mon frêle cou puis je me contentai de scruter l'horizon, les bras croisés sur ma poitrine.

Cette contrée était magnifique mais beaucoup trop aride pour que j'y vive le restant de mes jours. Je préférais les terres pluvieuses et enneigées, j'y trouvais un apaisement propice à de grandes choses. Ici c'était trop sec.

Je restai ainsi de longues minutes, la ville se réveillant à son tour puis je jetai un coup d'oeil, presque interdit, à mon époux, mon cœur s'emballant en le voyant s'étirer de toute sa longueur.

Il était réveillé.

Il avait dormi dans le même lit que moi.

Nous avions dormi ensemble.

Ce constat accablant me rendit nerveuse, pour une raison que j'ignorais, et je sentis fléchir ses barricades. Il baissait la garde. Son avis sur ma personne évoluait et cela me laissait perplexe. Étais-je prête à tout lui offrir ?

Je soupirai de nouveau, mes pas me menant à l'intérieur de la chambre et je m'arrêtai à sa hauteur, crispée.

« - Vos plaies ne se sont pas refermées. Il va falloir les recoudre, votre majesté. »

Cette voix féminine mielleuse me tirailla les tympans et mes muscles se raidirent instantanément.

« - Dehors, ordonna Azgar à la servante que je n'avais même pas vue. »

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant