Chapitre 26 : En péril

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Le cœur engourdi de doutes, je me retournai pour faire face aux nouveaux arrivants. Je retins férocement ma respiration en voyant le duc Hyern pénétrer dans le salon privé. Il me sourit, arborant toujours cet air impressionné, et fis quelques pas de côté, sa bedaine bloquant la porte, afin de laisser entrer une seconde personne cachée sous une cape devenue blanchâtre à cause de la neige.

Je ne saurais dire si j'étais anxieuse ou paniquée, les battements de mon pouls se faisant anarchiques et mes mains tremblotantes d'impatience. Était-ce Enrick ?

Dans un mouvement gracieux et capricieux, l'individu retira la cape de son visage et je me sentis défaillir devant son regard olive hypnotique. Les courbes de sa mâchoire étaient invisibles sous sa barbe accaparante, ses cheveux blonds ébouriffés par le vent et son nez rougi par le froid. Pourtant je ne pus retenir un sourire affectif en le voyant vivant devant moi. À quelques mètres.

Je voulus faire un pas en avant pour l'approcher mais je me retins au dernier moment, reposant discrètement mon pied au sol, tous les regards se braquant dans ma direction. Je ne pouvais pas laisser paraître ma joie qui me consumait ardemment le cœur alors je serrai les dents et croisai les paumes de mes mains entre elles afin de contenir ce flux de passion.

« - Soldat, veuillez retirer votre arme, déclara froidement l'un des hommes d'Azgar. »

Enrick obtempéra silencieusement, analysant la situation tout en me jugeant, puis il se débarrassa aussi de sa cape qu'il jeta sur un fauteuil, d'un mouvement désinvolte.

Le duc nous laissa rapidement seuls, refermant la porte derrière lui et je détournai les yeux d'Enrick qui me fixait sagement. Je déglutis et posai le verre sur la table, un silence pesant régnant dans la pièce devenue trop petite. Ou trop grande.

« - Je suis ravie que tu aies reçu ma lettre à temps, débutai-je pour amorcer une discussion sur le qui-vive.

- Le message est arrivé hier soir. »

J'acquiesçai légèrement de la tête et scrutai les hommes de mains d'Azgar, assis à nous dévisager sans gêne. Je soupirai et décidai d'ignorer leurs regards insistants afin de me concentrer sur la raison de ma visite.

« - Roan est mort. Avant de rendre l'âme nous avons appris qu'il avait envoyé un corbeau au roi Marcus, détaillant notre plan d'action. Nous avons besoin de savoir quelles sont les informations qui sont remontées jusqu'à mon frère ... et j'espère que tu pourras nous aider. »

Les secondes s'écoulèrent et je ne savais plus sur quel pied danser. Devrais-je lui parler avec mon cœur au risque que cela soit vu comme une trahison ou avec ma raison ?

« - Le corbeau est arrivé il y a de cela quelques jours et peu sont ceux qui y ont eu accès, admit-il. »

Je fronçai les sourcils, stressée. Était-il encore dans la confidence de Marcus ou l'avait-il exclu de ses conseillers ?

« - Vas-tu nous obliger à te faire cracher le morceau ? Le simple fait que tu sois ici, traître, démontre de ton allégeance au Roi Azgar. »

Je fusillai du regard le soldat qui avait parlé d'un ton glacial et avec défi. Nous étions assez sur notre réserve pour qu'il en rajoute.

« - Me menaces-tu de torture ?

- Devrais-je en arriver là ?

- Ça suffit ! Ripostai-je un peu sèchement. Nous sommes ici en tant qu'alliés et non en tant qu'ennemis. Aucune violence ne sera tolérée en ma présence. »

Un sourire moqueur et narquois élargit les lèvres du guerrier mais il ne répliqua pas, sachant pertinemment que j'avais déjà posé cette condition auprès d'Azgar et qu'il avait accepté, non sans doute après des négociations.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant