Chapitre 9 : Fête hivernale

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« - Comment savais-tu qu'ils allaient accepter ? M'interrogea Enrick surprit. »

Je franchis les dernières marches du sous-sol obscur, mes mains remontant les tissus de ma robe trop encombrante et arrivée en haut de l'escalier, je lui répondis d'un ton las tout en continuant d'avancer.

« - Je ne le savais pas. »

C'était une vérité et en même temps un mensonge. Avant de rencontrer les mercenaires, je n'étais pas persuadée de pouvoir accéder à ma demande mais j'avais vite changé d'avis en voyant que l'un des hommes de Ravier était un Suprême. Il croyait forcément en la prophétie. Ainsi j'avais pu les convaincre en leur montrant une partie de ma véritable nature. Mais je n'avais pas parlé de la libération du Phoenix, de peur que ce dernier ne revienne jamais à moi.

« - Tu paraissais sûre de toi, renchérit le soldat derrière tandis que nous longions les couloirs. »

Je me stoppai et lui fis face, voulant terminer ce semblant de discussion avant d'être à l'écoute de personnes malveillantes.

« - Croyais-tu vraiment qu'ils auraient accepté si moi-même je doutais de ma propre proposition ? »

Le blond ne me répondit pas, s'arrêtant lui aussi à une distance convenable de mon corps, la mâchoire contractée par l'énervement.

« - Comment comptes-tu récolter huit cent mille pièces d'or ? reprit-il.

- Ce n'est pas ton problème, c'est le mien. »

Sur mes paroles tranchantes, je repris le chemin, Enrick ne brassant plus l'air de ses interrogations agaçantes jusqu'à ce qu'il referme la porte derrière moi, me laissant enfin seule dans mes appartements.

Le lendemain matin et les autres jours qui suivirent se furent dans le calme le plus complet. Enrick qui m'évitait, aucune nouvelle des royaumes, Azgar qui partait et revenait sans que personne ne m'informe de ses sorties. Je tournai en rond. Alors lorsqu'on m'annonça qu'une fête hivernale était organisée dans les ruelles de la ville, j'aurai presque pu sauter de joie. Enfin !

June avait passé la matinée à me préparer pour l'événement annuel, m'annonçant avec tristesse et effroi que mon frère avait pendu nobles, hommes du peuple et soldats se révélant être pour mon retour, faisant de ses cas des exemples publics afin de dissuader d'autres rébellions envers lui. Elle me raconta que la peur s'était installée dans la plus haute hiérarchie de Rockfort, le Roi torturant chaque homme suspicieux.

Son royaume commence à lui échapper et il le retient par la crainte, m'avait-elle chuchotée discrètement.

Il instaurait une ère de terreur, voulant contrôler ce qui ne peut être contrôlé par la force. Dans tous les mondes que je connaissais, aucun n'avait échappé à la règle : un peuple finit toujours par se révolter contre ses dirigeants. Qu'importe les religions, les idéaux, la politique, ce fait était avéré. Et encore plus lorsqu'on divisait pour mieux régner. Si la population ne se sentait pas soutenue, aimée, écoutée alors elle aspirait à du changement.

Et nous ne devions pas laisser cette chance passer.

« - Pourrais-tu faire passer un message au peuple ? »

June me lorgna furtivement de travers, ne sachant si ma question était un piège ou non. Je finis par planter mes yeux dans les siens, qu'elle rabaissa aussitôt, murmurant peu sereine.

« - Que voulez-vous qu'ils sachent votre majesté ?

- Qu'ils doivent être patients, que lorsque le moment sera venu de se rebeller, je leur ferai savoir. »

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant