Chapitre 39 : Vers le Sud

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Mes muscles me faisaient doucement et atrocement souffrir, comme si j'essayais d'étirer un élastique prêt à se déchirer en deux. Cette douleur vacillante courbaturait mes reins et mes cuisses engourdies. Mon intimité enflammée était endolorie et sensible. C'était désagréable et en même temps jouissif.

J'avais couché avec Azgar. J'avais fait l'amour à mon mari. Ce constat poignant et déstabilisant s'immisçait dans mes rêves, des souvenirs de ses caresses se faufilant jusqu'à mon âme. Le roi m'avait embrassée comme s'il était mon amant. Touchée comme s'il aimait et désirait mes courbes.

Quelque chose s'était passée. Quelque chose avait changé entre nous et je n'osais pas, ne voulais pas mettre une parole dessus, de peur de me perdre définitivement. C'était le chaos dans mon esprit. La pagaille. Le désordre le plus complet. Tout était sans dessus-dessous. Je n'arrivais plus à mettre chaque chose à sa place, dans sa case.

Des bruits répétitifs me sortirent soudain de mes pensées et de mes rêves, mes poumons prenant une grande inspiration pour me forcer à émerger et lorsque je voulus déplacer légèrement mes jambes sur le lit, je sentis un poids sur la moitié de mon dos me bloquer, ma poitrine écrasant les peaux qui recouvraient le matelas en paille.

Je fronçai les sourcils, encore dans les vapes en sentant un téton glisser contre ma peau, un soupir s'éternisant contre mon cou et un corps se retirant de ma colonne vertébrale. Un vide polaire accompagna cet abandon et je réalisai rapidement qu'Azgar était couché contre moi et qu'il se levait pour répondre aux cognements contre la porte de la chambre royale de Rockfort.

« - Couvre-toi, me murmura-t-il autoritairement. »

J'ouvris difficilement les yeux cernés et l'observai, vaguement et avec imprécision, mettre un pantalon avant que je ne cache mollement mon corps nu, obéissant à son ordre, les idées encore confuses par ce réveil imprévu. Je tirai sur une douce peau afin de recouvrir mes frêles épaules, le collier qui glissait promptement entre mes seins rafraîchissant mon corps affaibli par la fatigue.

Le roi du Nord alla ouvrir la porte, l'ombre de la cheminée se reflétant contre le derme supérieur de son torse nu et il ne laissa qu'une légère embrasure entrouverte pour parler avec son interlocuteur. Je ne perçus que des chuchotements durant quelques secondes avant qu'Azgar ne referme la porte, nous laissant de nouveau seuls dans cette nuit épuisante.

« - Que se passe-t-il ? l'interrogeai-je doucement, les cordes vocales asséchées. »

Il me fit face, les cheveux en bataille, et mon cœur accéléra sa cadence devant ses prunelles qui me dévisageaient avec cupidité et hésitation. Qu'était venu dire ce soldat ?

Je fronçai les sourcils, méfiante, l'anxiété montant en flèche dans mon esprit et lorsqu'il me répondit, je ne pus m'empêcher de penser au pire.

« - Rien qui ne peut être réglé cette nuit. »

Je relevai mon buste et me positionnai de côté sur un de mes coudes, voulant savoir ce qui se tramait. Personne ne dérangeait un roi en pleine nuit sans raison. Je sentis mes cheveux emmêlés glisser le long de mes épaules pour se loger contre mon dos tandis que je faisais face à mon mari qui ne lâchait pas le morceau, ce silence oppressant augmentant mes doutes et mes peurs.

Je ne détournai pas le regard, les battements intempestifs de mon organe vital me maintenant éveillée et prête à rebondir à la moindre annonce dévastatrice.

« - Dis-le moi.

- Rendors-toi, reprit-il en me tournant le dos pour aller vers le bureau rempli de papiers. »

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant