Empires II : Conquête

Chapitre 19 : Duel et vérités

Après cette brève discussion avec June, j'étais retournée dans la chambre nuptiale à présent vide et avais rejoint les draps frais et souples afin de soulager cette tension qui irritait chaque parcelle de mon corps à bout de nerfs. J'avais à peine clos les paupières deux secondes que Morphée m'avait emportée dans son tourbillon de sommeil indomptable et réparateur. La nuit fut brève et agitée, mes pensées divaguant au sujet d'Azgar.

Que comptait-il faire maintenant qu'il savait ? Voulait-il m'éliminer ? Je n'étais pas sereine, la panique m'enveloppant tel un halo de doutes à son égard. Il me voyait certainement comme une rivale à présent et non plus comme une faiblesse, et je ne savais pas comment il réagissait à cette nouvelle. Avait-il accepté mon don et mes mots provocateurs de la veille ? J'en doutais fortement.

Azgar n'était pas un homme qui oubliait et pardonnait.

Alors lorsque je me réveillai aux aurores, je fus légèrement surprise de trouver une place froide et sans plis à mes côtés. Il n'avait donc pas dormi ici. Rien de très surprenant mais la suspicion régnait dans mon esprit torturé. Cachait-il ou préparait-il quelque chose ?

Je soufflai, désemparée, et me levai, mes vêtements collant à ma peau brûlante et humide de transpiration avant de rejoindre les termes afin de me baigner sous ce soleil orangé levant. L'eau tiède fut agréable et ensorcelante, mes maux disparaissant temporairement tandis que mes bras chauffaient au bord du bain extérieur.

Il ne pouvait pas me tuer ou du moins pas maintenant. J'étais son seul et unique pion dans les négociations et il ne pouvait pas se permettre de le perdre. Son royaume et sa couronne étaient en jeu. J'avais encore quelques jours à vivre sereinement. Je lui étais pour le moment indispensable et je devais le rester.

Une fois habillée par les habiles mains de June, je m'aventurai dans les couloirs en effervescence, observant les servants me juger et les nobles me cataloguer dans une boite. Je voyais bien que tous cherchaient à me déchiffrer. A deviner mes intentions.

« - Bonjour Aguerta. »

Entendant mon nom, je me retournai pour apercevoir la femme d'Arthur, le sourire aux lèvres.

« - Bérénice, ravie de vous revoir.

- Vous joindrez-vous à nous pour le repas ?

- Avec plaisir, lui répondis-je avec sincérité. »

Ses lèvres s'étirèrent et elle m'invita à la suivre d'un geste gracieux de la main. Une fois installées à la table, les discutions jasèrent dans tous les sens sans que je m'y engage dans l'une d'entre elles, mes pensées encore confuses par cet homme en face de moi qui me servait de mari.

Je sentais ses pupilles brûlantes de colère sur mon corps et mon esprit, tandis que je tentais d'ignorer son imposante carrure qui faisait naître des frissons incontrôlables sur mes bras. Il ne me lâchait pas et durant tout le repas, la tension qui régnait entre nous ne désemplie pas, au grand d'âme des autres convives qui avaient dû le remarquer. Mais aucun ne fit de réflexions et je leur en remerciai.

« - Cet après-midi sera organisé un tournois dans l'arène en l'honneur de nos invités, j'espère que vous viendrez observer avec plaisance et convoitise nos soldats combattre.

- C'est avec reconnaissance que nous viendrons nous distraire, déclara Azgar.

- Vous m'en voyez ravie. »

Sur cet accord, la Reine Divina se leva, tout en me scrutant de travers et quitta la pièce accompagnée de ses gardes armés jusqu'aux dents. Un silence de plomb se fit ensuite entendre avant qu'Arthur et Bérénice ne se lèvent, suivant le mouvement et prétextant rejoindre leurs appartements, nous laissant seuls.