Chapitre 18 : Divulgation

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Lorsque le repas fut terminé, nous avons conclu d'envoyer des messages aux autres contrées afin de les avertir qu'une attaque d'êtres inhumains pouvait survenir dans les plus brefs délais et qu'en prévention, ériger de grands bûchers pouvait les éloigner et les tuer.

C'était la seule option que nous avions pour le moment. Qu'importe si les royaumes remettaient en cause les dires, nous les aurions prévenu.

En revenant dans les appartements, j'appris à mes dépends qu'une seule et unique chambre nous avait été attitrée pour Azgar et moi.

En temps que mari et femme, il est de votre convenance de partager le même lit, avait dit la reine en me lorgnant.

J'avais compris le message. Elle voulait que je tombe enceinte et le plus tôt possible serait le mieux. Mais elle serait vite déçue si elle apprenait les réels sentiments que je partageais avec le roi.

La peur, L'angoisse,
La haine, La curiosité.

Aucun amour et aucune affection n'existait entre nous et n'existera. C'était un fait et même si je devais partager sa couche afin d'arriver à mes fins, les choses ne changeront pas. Qu'importe si ma dignité et ma fierté en prenaient un coup, je ne le faisais pas pour moi. Mais pour ... une plus grande cause.

Lorsque la porte claqua derrière moi, laissant les vibrassions se répercuter sur les murs, je fus de nouveau seule avec le roi et je ne pus empêcher mon pouls de pulser énergétiquement dans ma poitrine. Les poils se hérissèrent sur mes bras et je déglutis péniblement ma salive.

Ne perds pas tes moyens.

Le vent du soir souffla dans mon cou, ce qui réveilla des frissons le long de l'échine de ma colonne vertébrale et la sensibilité de ma peau fut ébranlée par du métal froid coupant. Aiguisé telle une lame mortelle.

« - Qui es-tu ? »

Son souffle chaud se fracassa contre le creux de mon cou, mon corps se raidissant inéluctablement contre le sien. Je perdis la notion de pensées qui s'envolèrent tel un nuage de fumée et ma respiration resta coincée dans ma gorge, bloquant mes poumons d'oxygène.

Mes pieds s'ancrèrent fermement dans le sol, m'empêchant de sombrer et je sentis son épée déraper contre ma peau lisse et trop fragile, un liquide chaud glissant entre mes seins.

Une partie de moi était effrayée. Terrifiée. Mais une tout autre partie savait que je pouvais le détruire par la seule force de mon don. Comme si je pouvais le dominer pour ne plus m'affaisser devant lui. Pour ne plus plier le genou face à Azgar.

« - Tu sais qui je suis mais tu refuses de l'admettre. »

Mon audace me surprit légèrement, surtout quand je me rendis compte que je l'avais tutoyée, et ma tête suivit férocement le mouvement lorsque ses doigts encerclèrent brutalement ma gorge dépourvue de protection. Mon crâne reposa douloureusement sur son épaule, et mes yeux restèrent grands ouverts, aussi sec que l'air ambiant chargé d'électricité.

Ma poitrine finit par se soulever tandis que j'inspirai avec méfiance et détresse, l'impression de faire face à une tempête destructrice me transperçant de part en part. Comme son épée tranchante pourrait le faire.

« - Tu n'es rien. »

Son odeur enivrante et repoussante percuta mes narines, la chair de poule apparaissant sur ma peau démunie. Ma colonne vertébrale était adossée contre ses pectoraux tendus et désagréables, les signaux d'alerte s'illuminant dans mon cerveau en ébullition.

Azgar réveillait une panique incommensurable et un trouble méprisant dans ma tête.

Mes veines et mes artères chauffaient. Surchauffaient. On pourrait presque sentir l'odeur du cramé et du cramoisi si tout ceci n'était pas qu'illusion et magie. Je réprimai tant bien que mal le feu en moi mais la panique engendrait une défense intérieure innée.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant