Chapitre 13 : Une réalité ?

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Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis le départ d'Enrick et le vide ne s'était pas rempli. Non il n'avait fait que s'étendre à l'infini, m'emmenant au bord d'un gouffre. D'un précipice terriblement envoûtant. Mais je m'efforçais de garder la tête hors de l'eau.

La survie était ma vie. Survivre pour mieux avancer.

Après les événements de la fête de l'hiver, les regards sur moi avaient quelque peu évolués. Tous semblaient vouloir me déchiffrer, découvrir mon secret comme si j'étais hanté par de vieux démons. Ils me lorgnaient, me dévisageaient avec une telle ferveur que parfois cela me mettait mal à l'aise.

La population voulait me percer à jour.

La noblesse voulait mon affection ou mon sacrifice.

Azgar ... lui, voulait m'achever dans d'affreuses souffrances. Ses prunelles obscures haineuses me pulvérisaient sur place, me statufiant par peur que cet affront mène à ma mort imminente. Il avait ordonné à une garde rapprochée de me surveiller jour et nuit, sans relâche, afin d'avoir un œil sur mes actions. Il se méfiait maintenant de moi, et je savais qu'il cherchait à obtenir un aveu de ma part.

Un aveu qui lui servirait d'excuse pour m'abattre.

Pour l'instant, le ciel était gris avant la tempête mais je savais que lorsque les éclairs tomberont, je devrais être forte pour l'affronter avec sagesse. Sans brutalité mais avec diplomatie.

Il ne devait pas me voir comme une ennemie mais comme une alliée.

« - Roan voudrait s'inviter à votre table, madame. »

Je soupirai. Je l'avais évitée au mieux durant ses derniers jours, changeant de couloir dès que sa présence y était mais j'avais cette impression de jouer au chat et à la souris. Il voulait m'atteindre et il ne s'arrêterait pas avant de l'avoir fait.

Le cousin du roi était patient. Bien plus que je ne l'étais.

« - Invitez-le à me rejoindre, déclarai-je sans grande envie à la servante. »

Je reposai les couverts argentés sur la table dans un bruit sourd, montrant mon agacement avant d'observer la porte, un sourire factice plaqué sur mes lèvres. Il n'allait jamais me lâcher celui-là.

Si ma relation avec le roi était catastrophique, je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'améliore après cette visite opportuniste.

Je m'enfonçai lentement dans les sables mouvants.

Son ombre reportée sur le sol poli trahit son arrivée avant que je n'aperçoive sa carrure élégante et sarcastique. Il avança la tête haute, un sourire qu'il voulait éblouissant sur les lèvres et marcha d'une démarche charmeuse, ce qui m'irrita davantage.

Cet homme me démangeait.

« - Aguerta, je suis ravie de te revoir en pleine forme ! »

Ce qui n'est pas mon cas, pensais-je.

La servante plaça une assiette et des couverts en face de moi, aussi rapidement qu'elle le pût puis elle se retira, nous laissant seuls.

Roan se pointa à ma hauteur et il alla chercher ma main pour y déposer un baiser légèrement ardent, ce qui me força à rompre notre contact, l'invitant à s'asseoir avec toute la courtoisie que je pouvais. Que voulait-il encore ? N'avait-il pas déjà assez fait ? Je me demandais bien de qui il voulait les faveurs. D'Azgar ou de moi ?

Ou peut-être les deux. Qui à être opportuniste, autant vouloir les deux.

« - Ce n'est pas très galant de laisser une si charmante jeune femme manger seule.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant