Chapitre 10 : Désir inconscient

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Le sommeil m'enveloppait, me réduisait à un silence sans fin. J'étais partout et nulle part à la fois. Je me sentais démunie et soulagée, comme lorsque le soleil s'éclairait, montrant des rayons lumineux étincelants, avant une tempête ravageuse. Les intempéries allaient se jeter sur mon sillage, allaient me bousculer. Me ruiner. Me saccager pour mieux me prémunir pour la suite des événements.

Mais quelle était cette tempête qui s'annonçait ? Qu'allais-je devoir affronter ?

Mes paupières étaient lourdes, accentuant un mal de tête insupportable, et ma bouche pâteuse manquait cruellement d'eau pour s'hydrater, ce qui me força à ouvrir mes yeux dans un long et pénible geste. La douleur s'accentua au sommet de mon front brûlant et ma respiration irritée me força à froncer les sourcils.

Le feu de cheminée qui illuminait la pièce me cloua la vue quelques secondes et lorsque mon cristallin s'habitua au flot de lumière, un mouvement furtif au fond de la chambre attira mon attention avant d'être rapidement remplacé par la servante qui s'accroupis au niveau du lit pour être à ma hauteur, me cachant la vue. Je clignai des paupières, entendant la porte se refermer derrière cet individu mystère et je tentai de décoller mon dos trempé par la chaleur mais mon mouvement fut vain et je dus reprendre mes esprits avant d'écouter les paroles chuchotées de June :

« - Il est parti prévenir le Roi que vous êtes réveillée. »

J'entrouvris mes lèvres abîmées, lâchant une plainte de désaccord puis de souffrance. Que pensait Azgar de la cérémonie ? De ce qui s'était passé sous ses yeux ? J'avais peur des représailles, n'osant à peine imaginer le moment où il se planterait devant moi, plus meurtrier que jamais, demandant des explications. Je n'étais pas sûre de pouvoir l'affronter.

Voyant mon mal-être, June me porta à la bouche de l'eau et resta dans cette position jusqu'à ce que je finisse la boisson froide. Je la remerciai, me posant maladroitement sur le dos pour respirer convenable et reprendre des forces qui tardaient à revenir.

« - Combien de temps suis-je restée inconsciente ?

- Quelques heures. J'ai pris soin de vous déshabiller pour faire baisser votre température qui grimpait en flèche. »

Je levai légèrement la tête, ce qui me demanda un effort douloureux aux muscles de mon cou et laissai mon regard descendre le long de mon corps recouvert uniquement du peignoir en soie. Effectivement j'étais presque nue.

Je soufflai, reposant sans délicatesse ma colonne vertébrale contre le matelas trempé de sueur et je portai mes mains moites à mon front. Je ne pouvais pas laisser Azgar me voir dans cet état, aussi affaiblie. Exténuée. Alors je traînai mes jambes en dehors du lit, mes pieds glissant contre sol dur et je me posai en position assise, attendant que l'étourdissement disparaisse.

Mais à peine ma tête remise de ces voltiges à sensation forte, j'entendis la porte s'ouvrir à la volée, le Roi rentrant en trombe dans la chambre.

Point de vue d'Azgar

« - Elle s'est réveillée. »

Je levai un regard assassin vers ce soldat missionné, refermant avec fracas le livre des comptes du royaume. De la poussière s'échappa des pages, valsant dans l'air électrique et je me levai dans un bond énergétique, fracassant presque ma chaise contre le sol poli.

Je dépassai le missionnaire d'un pas lourd et agressif, n'arrivant pas assez vite dans ses appartements.

Elle devait s'expliquer. Elle devait me rendre des comptes. Ou sinon j'allais finir par l'étriper vivante sous mes propres mains souillées par le sang qui y avait coulé. Des flots. Des torrents. Mais toujours trop peu de liquide vital.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant