chapitre 7 : Azgar Knows

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Point de vue d'AZGAR

En la voyant en bonne santé sur le haut des marches menant au château, j'eus un léger rictus que je ne saurais définir. De la joie ? Peut-être. La maladie ne l'avait, semblait-il, pas emportée, au plus grand désarroi de certains de mes nobles et soldats qui la voudraient enfermée dans un cercueil doré. Ce que je m'y refusais ... pour l'instant.

Je lorgnai discrètement ma femme, des souvenirs de la nuit de la cérémonie me revenant en mémoire, comme à chaque fois que j'osais poser les yeux sur elle. Même mes pensées étaient avides de cette soirée. Jamais je ne l'aurai pensé capable d'une telle audace qui me déplaisait fortement. Elle avait eu pendant un court moment le dessus sur moi. Sur mon âme insensible. Sur mon corps indifférent.

Elle avait réveillé quelque chose d'impensable et de complètement sauvage. Quelque chose que je m'évertuais à renfrogner dans mon fort intérieur depuis. L'emprisonnant. Le barricadant. Car je ne contrôlais en rien cette chose inhumaine.

Pourtant et malgré mes vaines tentatives pour ignorer cette chose. Je ne pouvais m'empêcher d'y penser. Jour et nuit. Au lever. Au coucher. Durant les repas. Les discussions. Ça me suivait partout comme une ombre de ma propre personne.

Je n'étais pas rassasié. J'étais Insatisfait. Incomplet.

Elle avait offert ses lèvres à ma bouche insoumise. Comme si le diable lui susurrait délicieusement à l'oreille de les poser sur mon corps pourtant rigide de désirs. Satan l'avait possédée cette nuit et me l'avait sacrifiée pour m'amadouer à ces actes barbares où hommes et femmes s'unissaient corps et âme avec passion.

Je donnai des coups de talons peu modérés sur le cheval, agacé par mes propres pensées et m'approchai un peu plus de ma demeure. D'elle. Et lorsque je mis un pied à terre, je bifurquai directement vers sa direction, comme le voulait la tradition. Une coutume que j'emmerderai bien.

Je mis un pied devant l'autre, des courbatures du voyage se ressentant sur mes cuisses et le bas de mon dos, puis arrivai à son niveau, observant sa crinière corbeau virevolter au grès du vent. Elle pinça légèrement ses lèvres rouge sang, inspirant alors que je lui faisais maintenant face. Serait-elle intimidée ? Inquiète ? Je l'espérais.

Crains-moi.

Respecte-moi.

Défis-moi.

Je voulais la posséder. Son âme. Ses pensées. Ses cauchemars. Sa bouche. Je voulais qu'elle me supplie. Qu'elle m'affronte. Je voulais qu'elle me provoque pour m'inciter à la faire crier et pleurer de douleur. Que ses cordes vocales se rompent. Que son corps se brise.

Je voulais qu'elle m'appartienne entièrement.

« - Tu t'es bien rétablie durant mon absence, lâchai-je d'un ton neutre. »

Ce n'était pas une question mais plutôt une affirmation qui n'amenait aucune réponse de sa part.

Elle planta ses yeux ravageurs et peureux dans les miens, ne comprenant visiblement pas qu'elle devait se taire.

« - Oui en effet, je suis ravie de pouvoir vous accueillir pour votre retour. Votre voyage s'est-il bien passé ? »

Sottises. Tu n'es pas du tout ravie de me voir revenir dans ta vie.

Et tu ne devrais pas l'être.

Elle n'était pas de taille à m'affronter. Trop faible pour me tenir tête. Trop sensible pour prendre une réelle décision. Trop idiote pour me croire sentimental.

Empires II : ConquêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant