Identité (Loïc)

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Liberté m'a demandée de l'aider. De l'accueil dans mon monde pour qu'elle puisse l'étudier, et de répondre à la question qui la taraudait concernant ses gènes. Je lui ai rendu service. Et en échange, elle a fini par m'insulter. Et elle n'a pas insulté que moi. Elle a insulté tous ceux que je connais. Elle a insulté l'humanité. Au nom de cette autre humanité qu'elle connaît elle. En son propre nom : Liberté. Liberté déchirée et incohérente. Souhaitant, comme nous tous, améliorer l'humanité et choisir ce qu'elle sera demain pour tendre toujours vers le progrès. Mais refusant de le faire, parce que refusant de toucher à un gène.

Diabolisation de la génétique encore et toujours. Mais rien n'est jamais si figé qu'ils le pensent. Ce ne sera tout au plus jamais qu'une prédisposition. Un être qui voudrait lutter contre sa nature le pourrait. Mais pourquoi vouloir à tout prix devenir danseur quand on est né avec des prédispositions qui feront de nous un bon médecin et aucune de celles qui feraient de nous un bon danseur ? Il est naturel d'aimer ce pour quoi nous sommes doués. Il est naturel de suivre ses tendances. Et c'est une bonne chose.

Se rebeller n'est pas impossible ; c'est juste stupide. Pourquoi se rebeller contre un système qui profite à tout le monde ? Au nom de la Liberté me disait la belle éponyme. Mais je ne vois pas l'intérêt de cette Liberté qu'elle prêche. Je ne vois pas l'intérêt de naître perdu au milieu de l'inconnu sans idée de ce qui nous sied le mieux, d'ignorer ses prédispositions alors qu'on en a inévitablement, qu'on les ait choisies ou non. Liberté qui voulait savoir si elle était prédisposée à devenir un zombie, et ne m'a jamais pardonné d'avoir regarder le reste de son patrimoine génétique.

Oui, je l'ai regardé. Comment m'en empêcher ? Je suis curieux : c'est inscrit dans mes gênes. Et ça aurait profité à la science et à tout le monde, si j'avais pu comprendre et répliquer certaines des qualités de Liberté. Liberté si différente de toutes les filles que j'avais eu l'occasion de rencontrer. Liberté qui m'intriguait comme jamais personne ne m'a intrigué. Je l'ai su dès que je l'ai vue : j'avais un besoin irrépressible de la comprendre. Je croyais qu'en découvrant ses gènes ma curiosité serait satisfaite ; mais cette découverte n'a fait que renforcer ma curiosité. Mes interrogations n'ont fait que se multiplier. Jamais au grand jamais je n'avais vu un être si peu semblable à ses gènes. Jamais je n'avais vu quelqu'un être si peu lui-même.

Liberté reste à ce jour un mystère que je ne peux pas résoudre. Ses gènes étaient pour la plupart semblables aux nôtres, mais le portrait qu'ils me permettaient de dresser n'était en rien celui du type de personne que j'avais en face de moi. Son prénom est une hypothèse explicative que je ne peux accepter. Je pense que la solution du mystère doit être contenue dans ces quelques gènes trouvés chez elle et que je n'ai pas réussi à identifier. L'évolution chaotique du brassage génétique à Dievex a dû créer à un moment où l'autre une mutation sur des gènes régulateurs modérant ou annulant l'expression des autres gènes. Oui, il doit de l'effet d'un gène que je suis incapable de reconnaître ; qui n'existerait pas chez nous. C'est la seule explication qui fait sens. Un gène, ou l'action conjointe de plusieurs : c'est la seule explication possible à ce qu'est Liberté.

Humains néanmoinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant