Je ne veux pas de cet enfant (11/17)

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Liberté se réveilla dans les bras de Loïc et lui sourit. Elle avait pourtant dans le regard une pincée d'inquiétude, un doute. Il la prit dans ses bras et la serra fort.

Elle demanda : « On ferait quoi ?

– Tu veux dire si...

– Oui. Si l'expérience montre que les pilules ne marchent pas sur moi.

– Tu es consciente que, même si les pilules ne marchent pas sur toi, l'expérience ne le révélera pas forcément ?

– Oui. Ce n'est pas la question. Je sais que les chances sont minces. Mais quand même, qu'est-ce qu'on ferait ?

– On aviserait. On assumerait. On n'aurait pas le choix.

– On serait heureux ?

– Je ne crois pas.

– Pardon ? ­

– Ne fais pas l'idiote, Liberté. Tu sais très bien que toi et moi ça ne peut pas marcher, pas sur la durée. Et encore moins avec un enfant. Dis-moi que tu voudrais l'élever ici à Chesna ; je n'y croirais même pas. On passerait notre vie à se battre sur les choix éducatifs, on ne serait d'accord sur rien. Puis, on n'a absolument aucune idée de ce que cet enfant serait. Donc oui, si jamais il y a un enfant, on assumera. Mais non, je ne vais pas dire que cette perspective m'emplit de joie.

– Je comprends. Je... Moi non plus je ne suis pas trop sûre de préférer, en fait. C'était stupide. Je crois qu'il y a une part de moi qui espère quelque chose qui continue de me raccrocher à toi, une raison de ne pas partir à la fin de l'année. Puis une chance de porter un enfant, tout ça. Mais c'était stupide. Un coup de tête.

– Ça t'arrive assez souvent, j'ai cru remarquer.

– De quoi ?

– Prendre des décisions importantes sur un coup de tête.

– Et toi alors ? Tu n'es pas censé être raisonnable ? Ce n'est pas toi qui devrait me ramener sur Terre ?

– Bien, figure-toi qu'à moi aussi ça peut m'arriver de ne pas trop avoir envie de rester sur Terre. Mais, là, je te ramène sur Terre : je ne veux pas de cet enfant, il n'a rien de souhaitable. Alors oui on trouverait des solutions. Mais non ce ne serait pas le bonheur. Maintenant il ne faut pas non plus trop s'inquiéter, parce que les probabilités sont plutôt de notre côté.

– Tu m'en veux ?

– Bien sûr que non. Et toi ?

– Non plus.

– Même pas de ma réaction ?

– Non. Je la connaissais au fond. »

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