Abandon (Loïc)

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Il arrive parfois que certains parents abandonnent leurs enfants. Raison de plus pour avoir deux parents d'entrée de jeu ; cela limite les risques de se retrouver sans aucun parent. De tels parents ne sont évidemment pas excusable, même si probablement leur comportement est la résultante d'un mauvais choix de gènes de la part de leurs propres parents. Ils n'en restent pas moins des êtres odieux. N'est-ce pas le pire crime que l'on puisse commettre ? Un enfant est un être vulnérable, qui ne peut survivre seul et a donc besoin non seulement que l'on s'occupe de lui, mais aussi d'être aimé. Un petit être abandonné est comme presque déjà mort. C'est l'un des pires drames qui puisse survenir dans la vie : être abandonné. Comment se construire correctement après ça ? Comment se croire digne d'être aimé ? Qui peut laisser un petit être vulnérable comme ça sans personne ? Presque personne. C'est pour ça que les abandons sont tellement rares. Parce qu'à Chesna nous savons qu'il n'y a rien de plus horrible.

Mais, à Dievex, il arrive souvent que des parents abandonnent leurs enfants, et personne ne leur en tient rigueur ! Ils réalisent trop tard que c'est une responsabilité trop lourde pour eux et, l'air de rien, ils remettent leurs enfants aux services sociaux qui les confieront à des parents plus compétents. Personne là bas ne le leur reprochera. Et personne là bas ne regardera ces enfants différemment des autres, à ce qu'il paraît. J'ai du mal à y croire. Cela me semble n'être rien d'autre qu'une jolie fable. C'est pourtant ce qui est arrivé à Liberté. Abandonnée avant même d'être née. Commandée par un père qui a changé d'avis pendant qu'elle grandissait dans la couveuse : paraît-il qu'il aurait entre temps rencontré une femme qui avait déjà un enfant. Liberté en était déjà à huit mois de gestation. Et, quand sa mère est arrivée au centre pour demander un enfant, elle a eu la surprise d'apprendre qu'elle ne devrait pas attendre les neuf mois habituels mais pourrait quelques semaines plus tard ramener chez elle une adorable petite fille. Mais les histoires comme la sienne n'ont absolument rien d'exceptionnel à Dievex, c'est monnaie courante. Et ce n'est un problème pour personne.

Le pire, c'est qu'à tous les coups cet homme, qui aurait dû être le père de Liberté, est retourné au centre quelques années plus tard et reparti avec un bébé tout beau. Parce qu'abandonner un enfant n'est pas à Dievex l'un des critères qui vous disqualifie plus tard d'être parent. Mais, au final, peut-être que leur mentalité peut se comprendre. Si tous les enfants abandonnés sont adoptés par des parents aimants, et que les liens du sang sont vus comme n'ayant aucune valeur, d'un coup l'abandon cesse d'être un crime odieux. Et probablement que mieux valait pour Liberté être élevée par la mère qui l'a eue que par ce père égoïste qui pensait probablement qu'un bébé à ce moment de sa vie nuirait à son nouveau couple. Sauf que leur bouleversement social a un prix horrible. Forcément, personne ne le sent là bas, parce que de toute façon absolument tous leurs enfants sont des enfants adoptés, du fait du choix aléatoire des gamètes. Mais aucun enfant n'est vraiment totalement l'enfant de ses parents. Aucun parent ne peut avoir d'enfant. Je ne sais pas si améliorer le sort des orphelins vaut vraiment ce prix là.

Humains néanmoinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant