Fuyons, simplement⚢

XXXVIII

Je me précipitai vers elle. Quelle horreur ! Le sang... du sang... son sang ! Ce spectacle m'effrayait. Je tremblais quand je voulus la toucher. Un sanglot s'échappa. Je n'avais rien pu faire et c'était arrivé.

Elle était consciente, ma belle Momo. Des plaies ouvertes que je n'osais pas regarder, ses mains carrément détruites par le béton... Elle riait.

Le conducteur sortit de son véhicule un peu dans le même état que moi. Il s'excusa mille fois, regrettant vraiment. Il était près de tomber dans les pommes et il paniquait. J'étais paralysée par la peur.

Quelqu'un appela une ambulance mais la blessée protestait :

-Non pas besoin !! Arrêtez, je ne veux pas aller à l'hôpital !! Je vais très bien.

La pauvre, elle déraillait. Je la regardais, sans pouvoir faire le moindre mouvement. Je me sentais bien inutile face à ce malheur.

-Mina ! Donne moi ton sang !

Je sentais mes sens s'éveiller. Mon cerveau se réveillait soudainement.

-Oui, oui chérie, je... je... quel est ton groupe sanguin ? bégayai-je.

Elle riait encore.

-Mais non pas comme ça ! Approche toi de moi... Je n'ai pas assez d'énergie pour guérir toute seule...

Je m'exécutais. Peu importe la bizarrerie de la chose, je ferai n'importe quoi.

Je la prenais donc dans mes bras. Des couteaux se plantèrent profondément dans mon cou. Personne n'avait rien vu malgré la foule qui s'était amassée autour de nous.

-Ah ! criai-je.

Les lames se retirèrent et je touchais l'endroit qu'elles venaient de quitter. Il n'y avait rien. Je regardais Momo, stupéfaite. Qu'avait-elle fait ?

Elle se recoucha par terre et ferma les yeux comme si elle allait s'endormir pour toujours.

-Non, non Momo ne me laisse pas. On a encore plein de chose à faire ensemble. On va se marier, adopter plein d'animaux, élever nos enfants... Par pitié, ne me prenez pas la femme de ma vie.

-Eh, je vais pas mourir ok ? Fais-moi confiance, dit-elle avec un air rassurant.

J'étais assise à genoux, pleurant toutes les larmes de mon corps, tenant fermement sa main.

-C'est bon on peut y aller maintenant, avait-elle déclaré calmement en se levant.

Ses blessures avaient disparu comme par magie. Mon vœu s'était-il exaucé ? Quel sera le prix à payer s'il s'agissait d'un pacte avec le diable ?

Elle me prit par la main. Une force me propulsa à la vitesse de la lumière. Je m'agrippais du plus fort que je pouvais.

Tout s'arrêta brusquement. On était dans notre appartement. J'avais encore rêvé, j'en étais sûre.

Je me dirigeai vers les toilettes pour dégurgiter. La vue de tout ce sang sur mes vêtements après avoir traversé plusieurs kilomètres en quelques secondes n'avait pas arrangé mon état.

Momo me caressait les cheveux en s'excusant :

-Ahah, désolée Mina. Je te dois quelques explications mais... Oh j'étais sur le point de mourir. C'était formidable...

Mais qu'est-ce qu'elle racontait ? Je me lavais rapidement les mains et le visage avant de déshabiller ma bien-aimée dans la salle de bain.

En réalité, je ne savais pas du tout ce que je faisais. J'agissais simplement, sans trop réfléchir. Je voulais juste la nettoyer.

J'étais en état de choc, ne comprenant rien. J'étais sûrement folle.