3 - Robin

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 - Will Scarlett ! hurla ma belle-sœur. Jeune homme, je te jure que si tu me refais un coup de ce genre, je te tue ! Et même ton père ne pourra rien faire !

Le garçonnet de dix ans voulut courir vers son père pour éviter sa mère en furie mais celle-ci l'intercepta. Mon frère, James, vint vers moi et me prit dans ses bras. Je lui rendis son étreinte. Je sentais son soulagement, sa peur évacué. Mais sa colère naissait petit à petit. J'étais sûr qu'une fois qu'il aurait serré son fils dans ses bras, il laisserait sa fureur éclater.

- Will va bien, dis-je, essaie de calmer ta femme, je n'ai pas envie qu'elle empoisonne tout le camp à cause de sa colère.

- Ne t'inquiète pas Robin, je la connais, rit mon frère. Elle va hurler pendant une bonne vingtaine de minute, puis grommeler dans son coin pendant une heure puis elle ne lâchera plus Will.

Je souris légèrement à mon tour. Il pouvait parler ! Mais Mathilde était un véritable phénomène à elle toute seule, tellement épuisante et pénible que lors de nos premières rencontres, j'avais refusé que mon grand frère se mariât avec elle. Néanmoins, quand je voyais leurs regards plein d'amour, j'étais ravi qu'ils m'aient fait changer d'avis.

Je souris une dernière fois à James puis partis à ma tente poser mon arc et mes flèches. J'en avais utilisé beaucoup, j'allais devoir refaire mon stock demain.

Much était déjà dans la tente, en train de changer de vêtements, les anciens étant tâchés de farine. Much était fils de boulanger et si nous avions du pain chaque repas c'était grâce à lui qui partait travailler dans une boulangerie. Son salaire n'était pas de l'argent mais des baguettes de pain. Il avait faillit ne pas être accepté par les temps qui couraient mais Much avait réussi, je ne sais comment, à avoir ce travail.

- Robin, il faudra partir à ma chasse, le plus tôt possible, les femmes se plaignent de ne manger que des légumes depuis trois jours.

Je ricanai et soupirai en même temps ; les femmes du camp étaient si sensibles sur certaines choses que nous trouvions futiles... néanmoins grâce à elle nous avions un confort plus élevé qu'au temps où nous n'étions qu'Allan, Richard, Much, Will Machin, Jean et moi-même. Cette rébellion avait commencé avec nous six, puis petit à petit, le groupe s'était agrandi, multiplié. Nous nous étions installé dans la forêt de Sherwood, et nous avions créé notre campement.

Au départ, il n'y avait rien, juste quelques feus de camp. Mais au fur et à mesure des arrivées des personnes qui ne voulaient plus subir les actes du shérif de Nottingham, nous avions créé des tentes, des champs, des enclos, des poulaillers. Nous cultivons nos propres légumes que nous mangions et nous élevions nos propres bêtes. Des poules, des chèvres, deux ou trois bœufs et une dizaine de vache. Tout le monde participait, et les enfants se faisaient une joie de récolter nos denrées. Ils transformaient une corvée en un jeu amusant auquel même les adultes participaient.

Mais ce que me disait Much m'agaçait. Certes nous possédions des animaux mais nous ne pouvions pas les tuer à cette période, nous essayions toujours de les faire se reproduire pour éviter le coup d'achat de nouvelles bêtes. Nous devions donc chasser, mais organiser des expéditions prenaient du temps, et elles étaient fréquemment dangereuses. Pas seulement à cause du gibier chassé - les sangliers avaient blessé plus d'un de nos hommes - mais aussi à cause des hommes du shérif qui nous recherchait sans relâche.

Plus d'une fois nous avions vu des patrouilles traversant la forêt. Heureusement pour nous, le camp se trouvait dans le cœur de la forêt où peu de personne allait. Les rumeurs et les légendes racontaient que Sherwood était habité non pas par nous, mais par des fantômes et des démons. J'avais mis de longs jours pour tous les convaincre de s'installer ici et aujourd'hui encore, j'en surprenais quelques uns à surveiller les alentours.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant