65 - Robin

351 24 7
                                    

- Calme-toi, je t'en prie, me supplia Much.

Je ne pouvais pas. Je n'y arrivais pas. Je ne voulais pas.

- Robin, s'il te plaît.

Ma jambe tressautait, rapide, angoissante, et angoissée. J'allais lui faire la peau. J'allais lui faire la peau. J'allais le tuer. Le massacrer, le faire souffrir, lui rendre au centuple la monnaie de sa pièce. Il n'avait pas le droit, pour qui se prenait-il ? Une ordure, une merdaille, un houlier, un sottard doublé d'un fot-en-cul !

Je devais bouger. Je me relevai brusquement. Je ne pouvais pas rester assis à ne rien faire alors que ma femme et un de mes meilleurs amis étaient en prison, l'un pour défendre l'autre qui, selon les témoignages que nous avions pu recueillir était au plus mal.

J'aurais dû y aller. Moi ! Moi, et pas Petit Jean ! Il était pratiquement aussi reconnaissable que moi ! J'aurais dû y aller. C'était ma femme, il n'avait pas à risquer sa vie pour elle...

Février... trois mois qu'elle était enfermée seule, avec cette brute pour seule compagnie ! Nous avions mis trois mois à réussir à infiltrer Petit Jean pour qu'il la protège mais qu'il agisse de l'intérieur. Trois mois...

Que lui faisait-il ? Bon Dieu... l'avait-il... S'il l'avait fait, il mettrait des années à mourir à petit feu, de mes propres mains je le tuerais ! Sans aucun remords, sans aucune hésitation !

Cela avait été dur. Atrocement difficile. Peu de personne avait accès aux prisons en dehors du shérif. Nous avions réussir à en connaître trois sur cinq : trois gardes qui montaient leur repas aux prisonniers. L'un d'eux, encore plus révolté que les autres, avait trahi le shérif et avait réussi à nous trouver. Adelbert, de son nom, nous avait aidés, après deux mois à chercher tout seul, à trouver un plan.

C'était grâce à lui que Petit Jean était enfermé dans les mêmes barreaux. C'était lui qui l'avait fait, affirmant qu'il avait trouvé un rebelle à ceux qui voulaient l'entendre ; personne. Parce que plus d'une fois par jour, des gens se faisaient arrêter pour trahison envers la couronne, qu'il soit réellement des Joyeux Compagnons ou non. Ils ne faisaient aucune distinction, et ne regardaient même plus leur visage. Alors Petit Jean était passé sans mal.

C'était notre homme. Notre taupe. Petit Jean et cet Adelbert allaient œuvrer dans l'ombre pour renverser le shérif. Mais la première étape était de mettre Marianne en sécurité, avec moi.

- Vous lui faites payer, les garçons, souffla Agathe.

- Bon sang vous les tuez tous ! s'énerva Éléonore. Pour Mary !

Constance ne dit rien, assise à côté de Mathilde, elle-même à la droite de James. Arthur avait la même mine sombre que nous tous, et Will triturait sans cesse son couteau aiguisé, avec probablement des envies de meurtre sur le shérif. Allan n'avait même plus cet étincelle de joie et de malice qui le caractérisait, même dans les pires situations. Mais ces dernières avaient finalement eut raison de lui.

- Vous croyez qu'il l'a... murmura Arthur, réaliste.

- Non ! le coupai-je violemment.

Ce n'était pas de sa faute, mais non... non ! Jamais. Il ne pouvait pas l'avoir fait. Pas encore, pas alors que cette fois, j'aurais pu changé la donne. Il n'avait pas le droit de s'en prendre à ma femme.

- Et vous revenez, tous, ajouta Mathilde. D'accord ? Je ne veux perdre aucun de vous !

Je n'eus pas le cœur de hocher la tête. Si ma vie pouvait sauver celle de Marianne... Pour qu'elle puisse vivre avec nos enfants... je le ferais. Sans hésiter.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant