44 - Marianne

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 Épuisée, je me délectai cependant des cris que recevait Robin. Ce dernier me voyait très bien esquissait des sourires amusés. Cependant, il ne faisait rien, pour ne pas attiser plus encore leur colère. Agathe était assise sur le sol, sa nuque posée sur le matelas. Éléonore s'extasiait, selon elle, elle allait devenir tante, et Allan était bien le seul garçon, assis près de sa compagne, à être de cet avis. Les autres s'énervaient sur Robin qui ne bronchait pas. Constance était la plus calme, et mouillait régulièrement mon front, installée confortablement contre le mur et sur le matelas. Jane prenait régulièrement de mes nouvelles, et tenait ma main que je pressais fortement à chaque contractions douloureuses de plus en plus rapprochées.

- Oh fermez-la ! m'exclamai-je.

Je poussai un cri de souffrance et me détendis au bout d'une minute. Je les comprenais, moi-même j'avais été en colère contre lui, mais s'ils pouvaient maintenant arrêter de hurler ! Il avait compris à mon avis ! Et tout ce que je désirais, c'était un peu de calme.

- Ça, par contre, ma chérie, intervint Jane, tu vas devoir éviter de le faire quand le shérif arrivera...

Et s'il nous trouvait ? Et s'il m'emmenait ? Avec mon bébé... Je ne voulais que cet être innocent subisse les mêmes horreurs que j'avais vécu. Je voulais qu'il grandisse normalement, heureux.

Jane pressa ma main, et me sourit, maternelle.

- Bon, intervint Arthur, vous lui faites tous un câlin si cela vous chante, mais vous sortez tous, à l'exception d'un qui pourra rester. Les filles, vous restez.

- Pourquoi ? protesta Much. Et si on a envie d'assister à sa naissance ?

Arthur ne répondit rien et je me tortillai pour le voir avant d'être couper en plein élan par une contraction. Le fils du meunier soupira et demanda en l'air qui restait.

- Robin ! décida le ménestrel.

- Quoi ? Pourquoi moi ? répondit le concerné.

- Parce que, répliqua le premier. Et ne proteste pas, Mary a besoin de calme.

J'eus un petit rire cynique ; le calme serait là quand lui partirait, pas avant. J'eus ensuite droit à une ribambelle de câlins, de mots plus ou moins gentils. James fut le plus sobre et se contenta de sourire alors qu'Allan m'étouffait littéralement et supputa que je serais la pire mère existant sur Terre, et que par pitié pour l'enfant, il fallait me l'enlever. Mi-amusée, mi-indignée, j'hésitais entre rire et le frapper mais je n'eus pas le temps de décider que Petit Jean le repoussa et me fit un baiser sur la joue. Il me souffla de ne pas écouter cet idiot et que je serais la meilleure mère qu'il soit. Pour une fois, Much ne râla pas et me félicita même. Mais ce qui me toucha le plus, ce fut Will et Richard qui, sans se concerter auparavant, m'assurèrent qu'ils ne laisseraient pas le shérif s'en prendre à mon bébé. Émue au point d'en avoir les larmes aux yeux, ils sortirent à leur tour.

Reposant ma tête sur l'oreiller, je respirais le plus calmement possible et gigotais trouver une position plus confortable. Je me retrouvais donc sur le flanc gauche, face aux autres qui me regardaient tous.

- Encore combien de temps ? grognai-je.

Arthur haussa les épaules et affirma que je serais son troisième accouchement, et qu'il n'y connaissait pas grand chose.

- Cela dépend, mon ange, chantonna Jane. Cela peut varier de trois à six heures, et tu as tes contractions aussi fortes depuis deux heures maintenant. Donc seul le temps nous le dira.

Je grommelai ; sa réponse ne me ravissait pas. Le pire, c'est qu'elle en avait fait des accouchements, alors elle était le mieux placé pour le savoir. J'étais partagée entre l'envie qu'il restât le plus longtemps possible à l'abri dans mon ventre, et celle qu'il en sortît rapidement, la douleur étant insupportable.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant