40 - Marianne

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 Midi était arrivé, et tout le monde était déjà autour des feux de camp, protestant car Robin n'était pas encore arrivé. Tous voulaient des réponses à leur question et savoir ce qu'ils allaient faire. Les quelques heures avaient été extrêmement longues pour eux qui trépignaient déjà d'impatience. Reprendre les corvées quotidiennes ne les avaient canalisés qu'une partie du temps, car, tellement énergiques, tout avait été fait en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire.

Constance nous rejoignit, et s'installa à côté d'Éléonore qui avait posé une couverture sur mes épaules il y a de cela une heure. J'avais l'impression de sentir tous les regards sur moi, mais quand j'osais me retourner pour le vérifier, je ne voyais rien. Peut-être un tour de mon imagination, ou alors il étaient bien rapides pour détourner le regard avant que je ne les surprenne.

Will était passé, en coup de vent, et m'avait demandée mon prénom, mon nom, mon âge, ma santé physique, si j'avais de la famille dans ce camp, si oui, leurs noms, et mon ancien métier. Pas un instant il n'avait semblé moqueur, et quand j'avais froncé les sourcils, il avait dit dans un haussement d'épaules que c'était Robin.

J'avais alors bégayé Mary, fille d'Amaury le Taciturne, ancienne servante de Lady Marianne. Will avait esquissé un sourire. Dans la panique, j'avais dit le nom de mon père, Amaury, et avait donné en nom le Taciturne. Je me souvenais que petite, c'était un vilain sur le fief de mes parents, et les gens le surnommaient ainsi, ce qui avait donné Bohémond le Taciturne. C'était courant de désigner une personne par un trait de caractère ou physique.

- Ton père s'appelait Amaury ? s'était étonné Will.

J'avais acquiescé, tête baissée.

- Et ta mère ?

- Mélissande, avais-je murmuré.

- C'est un beau nom.

Will m'avait souri, puis il avait filé.

Enfin, un Robin fatigué aux traits tirés arriva et se plaça face à nous tous. Son regard sembla chercher quelqu'un, et il fit une drôle de moue en ne le trouvant pas. Il inspira puis commença son discours.

- Vous savez tous ce qu'il s'est passé hier. Je ne vais pas vous promettre que nous sommes en sécurité et qu'ils ne reviendront pas. Le shérif nous retrouvera. Assurément.

Une vague de panique les submergea tous. Moi, je restais calme, étonnement, pas un seul instant la peur ne s'enroula dans mes veines. Non, parce que je le savais déjà. Je savais comment le shérif fonctionnait. Je savais qu'il gérait toutes les patrouilles, mais qu'il devait également contrôler les recherches me concernant qui avaient légèrement diminué. Si ses hommes ne revenaient pas, et ils ne reviendraient pas à Nottingham, il comprendrait qu'il y aurait eu un problème, et après avoir pris connaissance de leur lieu de patrouille, il enverrait d'autres hommes. Nous n'aurions même pas une semaine...

Robin les calma tous, d'une voix puissante et autoritaire et continua :

- Vous avez également pu remarquer que nous avions récupéré tous les lits de bois que certains d'entre vous aviez. Je sais que vous y tenez tous, mais c'est pour la bonne cause.

Il soupira doucement et se figea imperceptiblement. Un mince sourire discret survola ses lèvres et j'eus l'impression que ses yeux étaient rivés sur moi.

- Depuis maintenant... un an, environ, nous travaillons sur une idée de secours. Nous savions que ce jour viendrait, et nous ne voulions pas être pris au dépourvu. Depuis cinq mois, nos hommes ainsi que moi-même, construisons un nouveau camp. Je leur ai demandé de ne rien dire, de garder le secret. Je ne voulais pas que cela s'ébruite et puisse parvenir d'une manière ou d'une autre aux oreilles du shérif. Quant à vous, je vous en aurai parlés à la fin des travaux, mais l'agression d'hier nous presse. Nous avons très peu de temps, à peine deux semaines, et c'est pour cela que les lits ont été réquisitionné. Si une équipe dort sur place, nous gagnerons du temps, et ils seront moins fatigués.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant