61 - Robin

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 - J'suis plus que sûr ! s'enthousiasma Sammy. Lady Marianne accouche. Quand je suis parti, on pouvait entendre ses cris dans n'importe quel couloir.

Je déglutis. Qu'il m'épargne les détails... Je mourrais déjà d'envie de la retrouver sans qu'il ne rajoute des éléments. Je ne pouvais pas. Je n'avais pas le droit. C'était trop dangereux. Je ne pouvais pas être avec elle, la soutenir si jamais elle avait besoin de moi... Je ne pouvais pas la laisser me broyer la main. Je ne pouvais pas l'embrasser.

J'étais impuissant ! S'il y avait une complication... Je ne pourrais pas être là... Arthur ne pourrait pas essayer de les sauver tous les deux...

Ce dernier, comme tous les autres à vrai dire, était stressé. Personne ne pouvait réconforter personne. Même Much ne pouvait pas être insensible. Il tentait de nous soutenir du mieux qu'il le pouvait mais il avait la même inquiétude dans ses yeux que la nôtre.

On ne pouvait pas perdre Mary. Je ne pouvais pas la perdre. Pas en couche, pas pour un bébé qui n'était même pas le mien. Non. Non, je... j'avais besoin d'elle. J'avais besoin qu'elle reste en vie durant cet accouchement.

- Robin, intervint la voix d'un des sentinelles. Y a quelqu'un qui aimerait te voir.

Les yeux dans les flammes dansantes, j'étais à deux doigts de l'envoyer valser ailleurs. Je n'en avais rien à faire de cette personne. Moi, je voulais Marianne. Marianne et son enfant. Je voulais qu'ils aillent bien. Cette personne pouvait m'annoncer la mort du shérif et mieux ! celle du roi Jean que cela ne m'intéresserait en rien.

Mon silence fut assez expressif.

- Elle a insisté... Elle dit que c'est important.

Je relevai un regard mou sur sa silhouette. Une autre plus enrobée était dans son dos, tête capuchonnée et tout le corps recouvert du tissu protecteur.

- Elle a dit que cela concernait Lady Marianne...

Bien que son nom lui écorchât la gorge, je fus plus vif, plus alerte. Marianne. Cette personne avait des nouvelles de Marianne. Dieu ! Il aurait dû le dire avant !

Je me relevai vivement, manquant de heurter Petit Jean qui s'écarta hâtivement. Les yeux braqués sur la silhouette qui s'avança, je reconnus sans peine Isabelle dès que la capuche fut retombée. Elle m'adressa un bref sourire et me demanda silencieusement s'il y avait un endroit pour que nous puissions discuter tranquillement et seuls. J'acquiesçai et elle me suivit quand je tournai les talons.

Inquiet, je nous conduisis le plus vite possible à la cabane qui nous servait de bureau. Une fois à l'intérieur, elle s'assit précautionneusement sur la chaise que je lui tandis. Elle ne s'aida pas de ses bras, ce qui me surprit. Elle les gardait obstinément sous sa cape.

- Marianne a accouché, annonça-t-elle. Et j'ai deux nouvelles. Une bonne et une mauvaise.

Je me tendis. Je n'aimais pas ça. Je n'aimais pas ça...

- Le bébé est mort quelques minutes après sa naissance.

Elle releva ses yeux bleutés vers moi. C'était une mauvaise nouvelle. Le bébé... Et Mary... Elle devait être effondrée. Et je ne pouvais même pas être là pour elle ! Horriblement, je pensais que si le bébé était mort, la bonne nouvelle devait être que sa mère, elle, était en vie. Elle allait bien. Physiquement. Elle vivait.

Comme Isabelle ne disait rien, je soufflai avec hésitation :

- Et... Et Mary ?

- Marianne va bien... assura-t-elle. Sur le plan physique. Elle ne souffre d'aucune séquelle mais... La séparation est rude.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant