30 - Marianne

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 Je me réveillai difficilement. J'étais courbaturée de partout et la fatigue se traînait à mes pieds comme des chaînes qui entravaient mes mouvements. Les trois autres femmes de la tente se déplaçaient dans tous les sens, complètement éveillées. L'une d'elle, Constance si je ne me trompais pas, me salua et me demanda comment j'avais dormi. Je haussai les épaules mitigée entre mes douleurs physiques mais la liberté de mon esprit.

J'avais fuit le château et le shérif. C'est à peine si des rires nerveux ne me prenaient pas. Je n'en revenais pas, et pourtant, me réveiller dans ce lit inconfortable, devoir me lever aux aurores comme tout le monde, me préparer toute seule... c'était magique. J'étais vivante.

Constance rit légèrement et m'assura qu'avec le temps l'on s'y faisait. Mais j'étais prête à dormir à même le sol si cela me permettait de rester ici. Et encore, je me plaignais, mais j'avais eu la chance de dormir dans un lit en bois grossièrement sculpté. Certaines filles de ma tente n'avaient qu'un matelas rembourré et des couvertures pour la nuit. Si j'avais bien compris, j'avais pris l'un des deux seuls lits à une fille, qui n'avait pas l'air de m'apprécier. Or, je n'avais rien demandé et c'était Richard de la Plaine et Constance qui avaient insisté.

Apparemment, l'ancien noble avait dû les avertir de ma grossesse, mais Flore, la femme à qui j'avais volé le lit, n'en avait rien à faire et dans sa mauvaise foi, ne trouvait pas de raisons valables à ce que je lui prenne le lit.

Plus d'une fois durant le temps que je prenais pour me préparer, je sentis son regard noir sur moi mais aussi envieux. Je pris la décision de lui laisser le lit le soir-même, tant pis pour les insistances de Constance et Éléonore, la dernière femme qui partageait notre tente.

Constance était une femme jeune, d'une trentaine d'année, légèrement rondouillarde où des joues remplies comme celles d'un enfant en bas-âge surlignaient des yeux noisettes pétillants. Elle était plus petite que moi d'une demi-tête. De ce que j'avais vu, elle était extrêmement calme, pas le genre à s'extasier pour un rien, pas comme une noble. Elle était simple, honnête. Ce constat me donna un choque à la poitrine mais je le dissimulai en refaisant rapidement le lit.

Éléonore, elle, était tout le contraire de Constance. Ses cheveux d'un roux flamboyant attachés en un chignon serré dénotaient avec sa peau si pâle que l'on l'aurait crue souffrante. Néanmoins, ses yeux gris vibrant égaillaient le tout. Elle pouvait sembler timide et distante à première vue, mais elle n'était qu'une boule d'énergie qui n'attendait que de s'occuper tout en s'amusant.

Dès que je fus prête, nous sortîmes de la tente et elles se chargèrent de me faire visiter rapidement. Cela dut nous prendre une bonne dizaine de minute, voire une vingtaine, prenant la peine de tout m'expliquer en détail. Les tentes étaient toutes ramassées au même endroit, mais les tentes des enfants étaient au milieu comme un îlot protégé par les flots environnants. La laverie était à quelques mètres du lac où je m'étais lavée la veille, donc je connaissais déjà. Ce qu'ils appelaient la « trésorerie » et « l'armurerie » étaient juste à côté de l'une de l'autre, près des tentes des Six, comme ils les nommaient, afin de mieux protéger la tente où les taxes volées étaient entreposées en attente d'être distribuée aux pauvres. Éléonore m'apprit que les Six étaient en réalité Robin des Bois, Richard de la Plaine, Allan A'Dayle, Petit Jean, Will Stuteley, et Much. Chacun avait sa tâche pour gérer au mieux le camp, même si Robin des Bois était en charge de tout.

Par exemple, le plus apte à gérer les problèmes entre Joyeux Compagnons était Allan A'Dayle, ou encore Will Stuteley, qui était le plus sage selon Constance. La personne qui gérait la nourriture était Much, le fils d'un meunier apparemment, et Richard de la Plaine s'occupait plus des entraînements accompagné de Petit Jean. Ainsi, Robin des Bois s'assurait de l'évolution de chaque tâche accomplie.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant