11 - Robin

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- Le shérif rentre à Nottingham, et, le connaissant, il en aura plein les poches, remarqua Will.

Tous sourirent, tels des comploteurs, et moi-même je devais reconnaître que je pensais à la même chose qu'eux. Nous allions faire barrage sur la route du shérif et... leur emprunter leur argent. « Emprunter » parce qu'ils s'empresseront de le reprendre dans les impôts. Au moins, dans ce cercle vicieux, les habitants de Nottingham avaient de quoi subsister et de vivre plus convenablement.

- Il revient enfin de Londres ! continua Much. J'ai entendu dire à la boulangerie, qu'il y était pour affaire avec le roi Jean...

Une nouvelle fois, nous voilà tout sourire. Nous comprenions tous ce que signifiait cette phrase. Qui disait affaire, disait argent, disait Joyeux Compagnons...

- Plan habituel ? demandai-je.

Ils acquiescèrent tous.

- À quand ?

- Dans deux jours, Robin, m'informa Will, le détenteur de cette bonne nouvelle.

Deux jours... Dans deux jours, nous passions à l'offensive. Heureux, nous partîmes manger et sous les rires tonitruants de Richard qui ne pouvait que se faire remarquer avec un tel rire, nous conversâmes de choses futiles et variées. Je tentai d'en apprendre le plus possible sur la demoiselle d'Allan, mais ce dernier ne disait rien pour nous aider à comprendre ou à imaginer comment elle était, et mes autres compagnons n'en savaient pas plus que moi.

- Tonton !

Will se précipita sur moi, bousculant une mère qui donnait une écuelle à un homme. Se souciant à peine des réprimandes reçues, mon neveu se jeta dans mes bras où je le réceptionnai aisément, habitué. Il me serra dans ses petits bras, et je sentis son inquiétude encore présente même après tous ces mois. J'étais enfin guéri pleinement, aucun risque de rechute, mais, depuis, Will avait toujours peur que je sois de nouveau blessé ou que je ne meurs. Mon ego était un peu touché de constater que je n'étais plus si invincibles face aux yeux de mon neveu.

- Hé... Will, je vais bien, d'accord ?

Il haussa les épaules. Je le questionnai pour savoir où étaient ses parents. Il m'informa que lors de la dernière fois que Will les avait vus, ils s'embrassaient et « c'était caca, tonton, j'aime pas quand papa et maman s'embrassent, tonton. T'as une amoureuse ? ». Je ris légèrement. J'ignorais si James et Mathilde s'échangeaient de longs et langoureux baisers où si c'était juste un baiser de cinq secondes à peine et que Will exagérait les choses. Il en était capable, mais je n'allais pas me mêler de la vie intime de mon grand frère ; là, cela serait « caca, tonton ».

- Moi tu sais tonton, j'ai une amoureuse, enchaîna Will, elle s'appelle Jeanne et elle est très très belle ! Encore plus belle que Lady Marianne ! Et tout le monde dit qu'elle est belle. Jeanne, elle est intelligente, drôle, elle est belle, tonton. Tu sais, parfois papa dit que maman a des cheveux aussi noire qu'une belle nuit sans étoiles ! Hé ben moi, ma Jeanne, elle est belle pareille, mais avec du Soleil parce qu'elle est blonde. Tonton Allan dit que je peux dire « et ses cheveux possèdent la même garce que le Soleil et illuminent ma journée si peu ensoleillé ! »

- « Grâce », intervint le ménestrel, « grâce », Will, pas « garce ».

Je pouffai. En effet, le sens changeait et pas dans le meilleur des sens.

- T'apprends ça à mon neveu ? critiquai-je sceptique.

- Il saura parler aux femmes, se défend-il. Contrairement à certains...

Cette remarque adressée à nous tous lui valut une frappe chacun sur son épaule, si bien qu'à partir de Much, Allan se plaignit d'avoir mal, mais cela n'empêcha pas Petit Jean de lui en mettre une. Pour ma part, elle viendrait plus tard ; Will étant sur mes genoux à vanter les mérites de sa belle.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant