41 - Robin

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 Stupidement, Mary avait refusé de nous dire les clauses du contrat. Je savais très bien que le jeune garde ne le ferait pas de bonté de cœur, il devait gagner quelque chose, mais la future mère ne nous avait rien dit et avait filé avant que nous n'ayons pu l'interroger plus en profondeur. Et tout le reste de la journée, elle nous avait évités merveilleusement bien.

Cela dit, son accord nous avait fait gagné une semaine, et les travaux n'avaient jamais aussi bien avancé. Même les femmes et les enfants assez grands s'affairaient. Ces derniers apportaient des objets que les gens demandaient, mais les premières trouvaient le moyen de manier le marteau. Bien évidemment, cela n'avait pas plu aux hommes, et je devais avouer que voir Mathilde avec un marteau me faisait craindre pour ma sécurité – j'étais sûre qu'elle allait l'envoyer quelque part sans le vouloir.

Mais elles avaient protesté, et gagné, à l'aide du chantage : si elles ne pouvaient pas utiliser les outils, parce que « C'est soit-disant un travail d'homme que les femmes peuvent faire » alors nous pourrions nous préparer notre propre repas « Parce que c'est un soit-disant travail de femme que les hommes peuvent faire. ». Et cela n'avait que trop fonctionnait ; aucun homme ne voulant préparer le repas.

Cependant, je devais avouer qu'en une semaine, nous avions pu fabriquer le double de cabanes. Les femmes, n'ayant pas le droit de monter dans les arbres, nous avions été intraitables là-dessus, ont quand même réussi à faire avancer les travaux. Elles ne pouvaient pas construire la cabane et sol et l'élever ensuite dans les arbres à l'aide des poulies, cela aurait pris plus de temps pour la monter que pour la construire sur place, par contre, elles avaient assembler plusieurs planches entre elles, formant les murs, le sol, le toit, que l'on montait ensuite. Les menuisiers et les hommes qui avaient pris la main assemblaient le tout, et nous avions pu ainsi beaucoup avancé.

Mais j'avais fait le calcul. Nous avions maintenant quarante-quatre cabanes pouvant accueillir trois personnes, cent trente deux personnes étaient donc installées. Mais il en restait soixante-huit autre, qui, elles, risqueraient toujours leur vie. Si nous avancions toujours à cette vitesse, il faudrait exactement encore une semaine et cinq jours pour terminer les vingt-trois tentes restantes. Mais nous n'avions plus le temps. Nous ne pourrions pas terminer à temps... et je devais le leur annoncer. À eux qui avaient mis tant d'énergie, tant d'espoir dans cette solution... Et je devais les réduire à néant...

- Un peu d'eau Monsieur de Locksley ?

Je relevai la tête vers Mary, qui me sourit, compatissante. Elle aussi devait savoir, mais ne me disait rien, sachant parfaitement que j'en étais conscient. D'un seau, elle remplit une petite coupelle qu'elle me tendit. Je bus avec reconnaissance, le Soleil nous faisant suer sans merci.

Elle avait encore coupé ses cheveux, et les portait fièrement aux épaules. Je retins ma moue ; je les préférais plus long, mais elle semblait être mieux dans sa peau avec cette longueur. Une besace débordante de plantes, de bandages et de flacons pendait sur sa hanche. Je la désignai du menton, l'air interrogateur. Elle haussa les épaules.

- Les gens se blessent plus souvent qu'au camp.

- Et Arthur ?

- Aussi surchargé que moi. Il doit en plus veiller sur Jeanne.

Je fronçai les sourcils. Des personnes étaient restées au camp pour gérer les tâches quotidiennes mais aussi surveiller les enfants les plus jeunes. Arthur ne leur avait pas confié Jeanne ?

- Tu sais comment il est, devina Mary. Il refuse de ne pas être dans le même endroit qu'elle. Si Arthur va dans le nouveau camp, Jeanne y va. Si Jeanne doit rester à l'ancien, Arthur y reste, mais les accidents sont plus fréquents qu'on ne le pense.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant