13 - Robin

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 - Jane ! m'exclamai-je pour capter son attention.

La concernée sursauta tout en se tournant vers moi. Je relâchai lentement l'air de mes poumons. Elle m'inquiétait, elle n'était pas attentive alors que c'était elle qui avait insisté pour aller dans cette prison et noter toutes les choses nous pouvant être utile à l'évasion de Will.

Nous étions dans la tente qui me servait de bureau. Je possédais juste une table, des papiers la plupart vierge – je préférais ne pas noter tous les problèmes sur papiers ; seulement le plus important ou intéressant, comme les comptes de l'or que nous volions et redistribuions et à qui –, sept chaises étaient sous le tissu de la tente ; une pour moi, une pour chacun de mes compagnons qui la plupart du temps étaient avec pour gérer les problèmes et la dernière pour la personne qui venait se plaindre.

Ils n'étaient pas tous là, seul Richard et Petit Jean nous accompagnait, Jane et moi. Allan et Much estimaient que, ne connaissant rien aux armes et à la stratégie, ils ne pourraient pas nous aider, et d'habitude, sur des problèmes de combat, de tactique, Will nous aidait, mais c'était justement lui la personne à sauver.

- Jane, reprends-toi s'il te plaît, lui dis-je. Alors, combien y avait-il de gardes ?

Elle secoua sa tête comme pour se remettre les idées en place et me répondit :

- Le shérif n'a pas lésiné sur les dépenses et le nombre de gardes : il y en a plusieurs à chaque coin de rue, deux à l'entrée, un à chaque coin du bâtiment, un à chaque étage, deux qui gardent chaque porte, fenêtre, qui permettraient de le faire s'évader. Cinq gardes, pas moins, sont dans le couloir devant sa cellule. Ils sont tellement discrets que Lady Marianne ne les a pas remarqués ! Quelle sotte !

J'échangeai un regard surpris avec Richard et Petit Jean. Depuis quand Jane insultait sa petite protégée ? Jamais encore elle ne s'était agacée sur elle. Jane parlait toute seule, marmonnant, argumentant sur la stupidité de la noble.

Alors là, je ne comprenais vraiment pas.

- Jane, commença pacifiquement Richard, que se passe-t-il avec Lady Marianne ? T'as-t-elle blessée ?

- Mais non, idiot ! sortit-elle de ses gonds. C'est tout le contraire ! C'est elle qui se blesse !

Bien que mon ami avait tenté de ne pas l'énerver plus, c'était fichue. Par contre, je ne comprenais toujours pas. Lady Marianne se blessait elle-même ?

Comme si notre question l'avait libérée, notre Jane nous raconta tout :

- J'ai bien vu que depuis son mariage, elle dépérit ! Si elle croit réellement que je ne le sais pas... j'ai vu qu'elle ne mangeait pas ! qu'elle vomissait ce qu'elle avalait ! qu'elle ne dormait pas ou très peu ! J'ai vu sa peur envers le shérif ! Son incapacité à toucher un homme ou simplement moi ! Elle est idiote de croire qu'elle peut me le cacher ! Ah ça oui !

Elle mordit sa lèvre inférieure tremblotante.

- J'ai peur pour elle... elle meurt les garçons. À petit feu, et arrivera un jour où elle ne supportera plus rien. Où son cœur lâchera. J'ai si peur... Un jour, son corps la lâchera... Je ne veux pas de cela, et je ne peux rien faire !

- As-tu tenté de la faire manger ? questionnai-je pour l'aider.

- Bien sûr idiot ! Mais elle le vomit...

Jane s'enfouit le visage dans ses mains et sanglota. Je ne lui tins pas rigueur de son comportement avec nous ; elle était inquiète et cela aurait été égoïste de lui en vouloir à cause de cela.

À vrai dire, rien qu'à l'entendre, l'état de la noble me faisait peur. Depuis qu'elle m'avait sauvé, je me sentais redevable envers elle. Si j'étais en vie c'était grâce à elle, et j'eus envie de me débarrasser de ce sentiment, de l'aider, de la sauver.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant