39 - Robin

418 20 6
                                    

- Vendre le lait d'amande et le vin de rose ? répétai-je.

- Pas seulement, continua Much, mais peut-être aussi des œufs ou du lait... Ah ! Et j'avais pensé à fabriquer du fromage !

- Tu sais comment faire ? répliqua Petit Jean.

- Non... pas vraiment. Mais je trouverai bien quelqu'un qui sait. Peut-être Tuck ? Les fromages, c'est pas un truc de moine ?

- Tuck est un frère, rectifia Will. Et toutes les familles font du fromage.

- Mais les riches en ont de mieux, je sais, râlai-je.

- Pourquoi tu râles, toi ? grommela à son tour Much.

- Qu'est-ce que tu fais là ? répliquai-je.

- Vous avez tous les deux raisons, tempéra Richard. Mais qu'y a-t-il, Robin ?

Je me renfrognai. Je repensais au problème de ce matin, qui datait même d'hier. Ces rumeurs, sur Mary et Allan... maintenant, je les entendais et elles m'agaçaient au plus haut point. Mary et Allan n'avaient aucune liaison, Allan n'aurait pas pu nous le cacher. Nous dormions au même endroit, et il avait ses propres tâches. Alors si elles n'avaient pas été faites, j'aurai cherché à savoir pourquoi, et il n'aurait pas pu me mentir. C'était ridicule. D'autant plus que le ménestrel était profondément amoureux de sa Française, je me souvenais encore du poème en français – en français ! – qu'il avait créé pour elle, lors de l'anniversaire de Will. C'était ce qu'il avait choisi de raconter à notre demande, et Agathe, la seule à comprendre, en avait eu les larmes aux yeux !

Et Mary... elle savait très bien qu'ils étaient amoureux, et elles n'éprouvaient aucun sentiments du même acabit. Une fois, Allan, toujours aussi agaçant, lui avait demandé si elle était intéressée par un homme, avec un long regard sur ma personne, mais elle lui avait fait un grand sourire et répliquait un froid « Non, et mêle toi de tes affaires, Allan. ». Elle m'avait ensuite souri, sachant très bien mes sentiments pour Lady Marianne.

- Cette histoire... avec Agathe et Mary...

Un profond soupir nous prit tous en même temps, ce qui me fit rire mais je repris rapidement mon sérieux.

- Allan ? demanda Will.

Ce dernier semblait s'être rembruni à son tour. Il joua avec une sculpture terminée de Will qui entamait la suivante entre ses mains.

- Je lui en veux, finit-il par dire pour avoir douté à un moment... mais en même temps... je comprends.

- Si toi, tu es « amoureux », mima les guillemets Much, alors qu'est-ce que Robin est. Il est encore plus collant que toi.

Je lui lançai un copeaux de bois qu'il esquiva habilement et me servit un grand sourire.

- Les femmes... soupira Petit Jean. Faites comme moi, ne vous engagez pas.

- J'en trouverai une, P'tit Jean ! s'exclama Allan. Ne t'inquiète pas !

- Sans façon, règle tes problème avec Agathe plutôt.

Le ménestrel se renfrogna, grognon et envoya plein de petits copeaux sur Petit Jean qui commença à s'énerver.

- On peut en revenir à mon idée, s'il vous plaît ? râla Much.

J'acquiesçai. Donc, vendre ce que nous fabriquions et que nous avions en trop... C'était une bonne idée ; nous aurions une autre source de revenu, et nous ne ferions pas de gâchis. Cela permettrait également à une famille – ou une seule personne – de remettre un pied dans la vie « normale », pour ceux qui le voulaient, c'était une bonne idée.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant