59 - Robin

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J'étouffai un bâillement sous les rayons lumineux qui m'avait réveillé. Marianne était toujours endormie, magnifiquement belle sous le Soleil qui éclairait sa splendeur et ses mèches chocolatées. Il y avait même un léger reflet roux sur les pointes qui recouvrait son épaule droite. Son teint de lait n'était en aucun cas perturbé par la lumière naissante et continuait paisiblement son repos.

Je n'avais pas cœur à la réveiller, mais il le fallait. Nous étions une fois de plus nus, sous l'énième absence du shérif et ni elle, ni moi, ne tenions à nous faire surprendre. Et ma merveilleuse femme seule et nue dans ses draps n'était pas le meilleur moyen pour être discret. Nous peinions déjà à ne pas mettre Isabelle décidément trop curieuse et perspicace dans la confidence, ce n'était pas pour que le premier garde passant par là découvre tout.

J'employai la méthode douce. Mes doigts effleurèrent le grain parfait de sa peau, jouant légèrement avec le grain de beauté qu'elle avait sur l'omoplate droite. Un deuxième était juxtaposé et je me plaisais à trouver le troisième, sur l'intérieur de sa cuisse gauche. Chaque fois où je cajolais son intimité, je ne manquais pas de jouer avec, la faisant rire, et gémir en même temps.

Je connaissais chaque courbe de son corps, chaque point sensible pour la faire jouir avec facilité. Après tout, deux mois étaient passés après que j'eusse craqué. J'avais eu besoin de plus. J'avais besoin de plus que de la suivre chaque jour, l'observer dormir paisiblement quand le shérif était avachi, endormi, sur son bureau de ses appartements, parfois même dans son bureau près de la prison. J'avais besoin d'elle, et, je l'avais eue. Elle avait cédé et depuis... depuis je ne la quittais que quand je n'avais pas le choix.

Pour mon malheur, le shérif ne partait pas aussi souvent que cela en voyage d'affaire, et emmenait, de temps à autre, Marianne avec lui. Heureusement pour moi et surtout pour lui, il ne le faisait que très, très rarement, son état ne le permettant pas. Je n'aimais pas la savoir loin de moi, sur les routes. L'accouchement pouvait être provoqué à n'importe quel instant, et d'après les indications que j'avais données à Arthur, ce dernier pensait qu'elle devait être à son environ neuvième mois. Ce n'était qu'une question de jours, ou de semaine. Peut-être qu'elle était à son huitième mois, je ne savais pas.

Plus la date fatidique approchait, plus j'angoissais. Et s'il se passait mal ? Si le bébé était mort-né ? Ou qu'elle ne supportait pas l'accouchement ? Et si elle mourrait ? Non ! Non, elle n'avait pas le droit de m'abandonner...

Comme Mary n'avait pas l'air de vouloir se réveiller, je passai à un cran au-dessus, et butinai sa peau. Elle gémit et gigota, gênée dans son repos. Je soupirai doucement, attendri. Je devais partir, et si elle ne s'habillait pas comme elle devait supposément l'être, elle allait avoir des problèmes, ce que je refusais à tout prix. Jamais elle ne serait en danger pour moi. Il en était hors de question.

- Réveille-toi, mon amour...

- Non...

- Si, allez.

Elle grogna et, avec difficulté dû à son énorme ventre, elle me tourna le dos. J'augmentai l'intensité de mes caresses. Je ne voulais pas lui retirer l'unique source de chaleur qui lui restait et, à bout d'idée pour la réveiller en douceur, je sortis complètement du lit et récupérai mes affaires que j'enfilai une à une.

Elle se tourna vers moi, et les yeux mi-clos, elle grogna quand j'enfilai mon pull :

- Tu pars déjà ?

- Oui Amour, et tu sais très bien pourquoi, murmurai-je.

Enfantine, elle grogna et rabattit les fourrures sur son visages.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant