23 - Robin

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 - D'accord, répéta Petit Jean pour la énième fois. D'accord... maintenant, on prend à droite, puis à gauche.

Will lui fit une confiance aveugle et tourna sur la droite alors que je préférai vérifier que Petit Jean ne s'était pas trompé. Cela le fit grogner mais je ne m'en préoccupais pas. La bonne nouvelle, c'est que Petit Jean avait raison et je suivis le reste du groupe en gardant la carte sous l'œil.

Mon arc était bandé, la flèche prête à être décochée. Il fallait seulement que je le relève et vise pour tirer. Nous étions le plus silencieux possible. Je m'attendais à voir surgir un garde à tout moment. Cependant, j'avais l'impression que ma respiration rapide et sifflante était le seul son que l'on entendait à des mètres à la ronde.

Alors que nous prenions à gauche pour rejoindre les escaliers comme l'avait annoncé Petit Jean, un garde surgit devant nous. Il lui faut trois secondes pour se remettre de sa surprise, dégainer son épée et son cor, et tenter de souffler dedans. Mais il ne m'en fallut que quatre pour décocher ma flèche qui se figeât dans sa poitrine. Richard rattrapa le décédé, et le hissa sur son épaule pour aller le cacher à un endroit plus discret. Il le mit dans un coffre que nous trouvâmes en route et je lâchai un soupir.

J'espérais réellement que l'on le trouverait. Il avait le droit à une sépulture décente.

Will, voyant que l'on ne bougeait plus, nous pressa pour descendre les escaliers, ce que nous fîmes dans une avalanche de bruit qui le fit nous morigéner.

Les lieux étaient sombres, lugubres, froids, glacés même. Pas une âme ne vivait ici, seulement la dizaine de garde qui surveillait la prisonnière. Le shérif ne lésinait pas sur les moyens... Plusieurs torches le long des murs éclairaient tout ce qu'il se trouvait ici, comme une table où cinq gardes jouaient aux dès. Deux discutaient ensemble, en même temps qu'un troisième marchait de long en large, aux aguets. Les autres ne faisaient rien de particulier, l'un buvant, l'autre appuyé contre le mur.

Comment faire ? Ils étaient trop nombreux pour que l'on la sorte de là maintenant, il fallait attendre. Si nous attaquions pendant que les gardes emmenaient Jane à son procès, le moment serait idéal, sauf si le nombre de garde redouble pour éviter une tentative du genre que nous préparions. La délivrer après le procès était envisageable également, mais encore une fois, il fallait connaître le nombre de gardes présents au moment précis. Si à aucun moment nous ne pouvions, le dernier serait lors de l'exécution. Non seulement, nous délivrerions Jane – si nous réussissons en sachant ces mêmes paramètres – mais nous porterions un coup public au shérif, ce qui ne pouvait qu'être à notre avantage.

Nous devions être sûrs, parce qu'à l'instant où nous nous montrerions, tout le monde saura que nous étions là. Et à ce moment précis, le shérif prendrait plein de précautions, et nous n'aurons plus de chance pour libérer Jane. Nous devions jouer précisément, mais rapidement.

Si nous agissions maintenant, nous prenions un risque, déjà que nous ne réussissions pas, et que nous perdions notre chance, mais aussi d'augmenter à coup sûr le nombre numérique des gardes. Or, si nous ne le faisions pas, soit nous rations notre meilleure chance, soit le nombre de garde pouvait probablement augmenter.

Il fallait prendre un risque, mais lequel ?

Je haïssais cela ! Faire quelque chose sans être parfaitement préparé... Et heureusement que Lady Marianne nous avait fait gagnés du temps parce que sinon, cela aurait été pire...

Du temps... c'était de cela dont nous avions besoin, du temps pour évaluer toutes les possibilités, les risques, les chances.

Non, nous attendrions avant d'agir, pour bien tout prendre en compte.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant