17 - Robin

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 - Je t'aime, tu le sais ? tentai-je.

Je grimaçai face à sa mine énervée. D'accord, je n'allais pas m'en tirer avec pareille pirouette. Surtout avec cette mégère qui lui servait de femme. Non, je n'allais vraiment pas survivre. Surtout en voyant son regard noir de colère, la mine agacée mais un fond inquiète de sa femme derrière lui.

- Je vous aime tous, surtout toi Mathilde !

Parfaite mégère qui ne me laissait pas embobiner mon frère avec mes ruses qu'elle ne percevait que trop bien ! Mathilde dans les parages, je n'avais aucune chance d'apaiser mon frère avec des mots doux et rassurants. Limitant la casse qu'il s'était passé durant notre court séjour à Nottingham. J'étais même mort ! Je le voyais, James semblait vouloir me tuer dans l'instant. Seule la présence de mon neveu l'en empêchait. Même mes amis avaient fui en le voyant si énervé.

La nouvelle de notre excursion à Nottingham qui s'était légèrement mal passée avait dû lui parvenir... Dommage, moi qui espérais m'en sortir sans avoir à me justifier au près de mon grand frère...

Le pire, c'était qu'il était plus âgé que moi. Et j'avais beau être le chef des Joyeux Compagnons, jamais James ne me laisserait user de cet argument face à lui. « C'est moi le grand frère, Robin, c'est à moi de te protéger, pas l'inverse. Alors quand tu es dans le besoin, je t'aide ! ». Voilà ce qu'il disait, à chaque fois que quelque chose se passait mal m'incluant.

Et là, James m'avait ressorti cet argument, avant même que je n'ai eu le temps de protester. Et me voilà à tenter de m'en sortir avec le minimum de dégâts possibles.

- Vous avez failli mourir, Robin ! s'agaça James. Vous avez perdu des hommes ! Des hommes sont morts, Robin, ça aurait pu être toi !

Je perdis toute envie de répliquer et baissai la tête. Je ne le savais que trop bien. Dix hommes, sur la trentaine emmenée, dix hommes avaient perdu la vie. Par ma faute. Je devais préparer un discours depuis que nous étions rentrés, mais je n'arrivais pas à trouver les bons mots. Que dire face à une famille en deuil ? Que c'était de bons soldats ? Des hommes braves, justes, courageux, qui avaient donné leur vie pour nous ? Ils n'avaient pas besoin de ça.

James perçut mon changement d'humeur et comprit immédiatement le problème.

- Robin... ce n'est pas ta faute.

- C'est moi qui ai donné l'ordre pour aller chercher Will.

- Ils étaient volontaire, répliqua immédiatement James.

- Mais c'est moi qui ai fait appel aux volontaires.

Mon frère claqua sa langue contre son palais. Nous pouvions être têtus tous les deux, cela pouvait entraîner des discussions stériles où nous trouverions toujours quelque chose à répondre à l'autre. Et Mathilde connaissait aussi bien mon frère que moi. Elle nous coupa dans notre combat verbal et pour appuyer ses propos, elle se plaça entre nous deux, les bras tendus.

- Robin, ne commence surtout pas à t'apitoyer sur ton sort et tu vas faire ce discours, et James, soutiens ton frère.

Nous hochâmes la tête, comme des enfants réprimandés. Je sentis ma belle-sœur se radoucir et sa main se poser sur mon épaule. Mais cela ne dénoua pas le nœud dans ma gorge, cela ne libéra pas la honte qui pesait sur mes épaules. Cela n'enleva pas la culpabilité dans tous les pores de ma peau.

- On doit y aller, dit-elle doucement, trouve les mots, Robin. Tu les as.

Sa main quitta mon épaule, en même temps que mes yeux qui se fermaient. J'entendis le froissement du tissu de la tente, puis les pas éloignés de Mathilde et peut-être mon frère.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant