16 - Marianne

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Ah, elles sont belles les bonnes résolutions, mais dès que le concerné arrive, elles partent sans rien demander ! J'ignorais et me fichais de savoir si les hors-la-loi avaient pu s'enfuir ou non, mais je crois que le shérif serait parti plus tôt si cela avait été le cas. Il me tint longtemps dans ses bras, m'embrassant ouvertement et trop intimement pour marquer son territoire. Plus d'une fois l'envie de le mordre me prit mais je la réprimais, n'osant imaginer les conséquences dans le privé une fois cet acte fait.

Je me retins aussi de m'enfuir en courant, pleurant et hurlant. Plusieurs nausées m'avaient prise d'assaut, et je dus rendre les armes une fois seule. Le peu que j'avais grignoté sortit comme il était rentré et je ne pus que regarder mes mains tremblantes, me demandant quand mon corps me lâcherait définitivement. Le moment ne devait plus tarder, une question de jours. J'avais beau le savoir, je n'arrivais pas à manger convenablement.

J'ordonnai sèchement à la première servante que je croisais de me préparer un bain. Je ressentais le besoin irrépressible de me nettoyer, d'effacer les traces de ses mains sur mon corps. La tête entre les mains, je tâchai de me maîtriser au mieux devant toutes ces servantes qui ne pouvaient s'empêcher de me jeter des coups d'œil inquiets.

Quand on m'annonça que mon bain était prêt, je les congédiai immédiatement et m'acharnai sur cette robe qui m'empêchait de respirer correctement. En moins de temps qu'il ne le fallait pour dire, je plongeais dans l'eau chaude, attrapai le premier savon qui me tomba sous la main, et me frottai jusqu'au sang, sanglotant. La peau de mes bras étaient rouges, mais je frottai toujours plus.

Il fallait que cela disparaisse totalement. Il ne pouvait pas y rester qu'une seule trace. Tout devait partir. Je devais être propre, guérie.

- My Lady, m'interrompit une voix douce.

Je reniflai disgracieusement pour reprendre contenance mais échouai lamentablement. Je gardai la tête baissée. Les pointes de mes cheveux mouillés se plaquaient contre mon corps quand ils ne flottaient pas en de longues mèches dans l'eau souillée.

- Laissez-moi faire.

Une main délicate me prit doucement le savon que je tenais, et après quelques secondes, un tissu mouillé et savonné glissa sur ma peau pour la nettoyer.

Isabelle fut concentrer sur sa tâche et aussi délicate qu'une aile de papillon vous effleurant. Dès que je me tendais, elle s'arrêtait, attendait un moment que je me décrispe, et reprenait sa tâche. Pas une seule fois elle me força à me faire avouer ce que j'avais ; elle respecta mon silence coupable.

Elle était trop gentille. Je ne comptais plus le nombre de fois où elle avait été là pour moi, sans que je ne puisse lui rendre la pareille, alors qu'elle ne savait rien de moi.

Elle abandonna finalement son savon pour s'attaquer à ma chevelure. Ses doigts fins massèrent doucement la base de mon crâne tout en nettoyant mes cheveux. Petit à petit, je me détendais pleinement et me renfonçais même dans l'eau. Complètement sereine, je me surpris à barboter dans l'eau, jouant avec elle.

J'en récupérai un filet et le fixai. Le bain... j'en prenais pratiquement tous les deux jours, à vrai dire dès que mes cheveux commençaient à devenir gras, ce qui m'horripilait le plus au monde. Parfois, quand je ne pouvais pas en prendre pour telle raison, j'utilisais de la poudre d'iris. Je laissais la poudre reposait puis enlevais le surplus avec un peigne.

Je repris mes esprits quand je ne sentis plus la présence d'Isabelle dans mon dos et quand l'eau versée d'une cruche s'abattit sur ma tête, chassant la mousse. Elle répéta plusieurs fois l'opération avant de m'inviter à sortir, un drap prêt.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant