50 - Marianne

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 Les pleurs d'Aurore me réveillèrent. Je grommelai contre son cou, n'ayant aucune envie de me lever et d'aller voir ce qui n'allait pas. Je sentis du mouvement à ma gauche et une chaleur me quitter. Frileuse, je tâtonnai d'une main pour retrouver un semblant de chaleur. Je sentis même les couvertures s'enrouler autour de moi et être calées sous mon corps. Une caresse dans les cheveux plus tard, Aurore commença à se calmer.

Je fronçai les sourcils. Mes souvenirs de la soirée d'hier était confus... j'avais légèrement bu mais pas au point d'oublier tous ces événements.

- Chuut... rassura une voix. Tu vas réveiller maman et elle est de mauvaise humeur quand elle manque de sommeil. Là... Tout va bien.

L'esprit embrumé, je me redressai sur un coude et réussis à voir une silhouette qui berçait ma fille. J'eus un mouvement de panique avant de reconnaître Robin. Ce dernier se tourne vers moi, un pantalon tombant sur ses hanches. Il me sourit doucement et je sentis mon visage chauffer.

Bon Dieu. Avais-je réellement partager sa couche ? À en croire ma nudité, oui. Gênée, je remontai la couverture sur ma poitrine. Un coup d'œil vers l'extérieur m'apprit qu'il faisait encore nuit et que les festivités continuaient toujours.

- On a du dormir une petite heure, m'apprit Robin.

Je hochai rapidement la tête avant de détourner le regard. D'une main, l'autre maintenant le drap, j'attrapai ma robe près du lit. Une fois vêtue, essayant de me soustraire à son regard.

- Tu regrettes, dit-il.

Surprise, je sursautai dans sa direction. Je bégayai quelques choses mais son sourire triste mais résigné me coupa en plein élan. Il posa ensuite son regard sur ma fille qu'il continua à bercer. Peu à peu ses pleurs se calmaient et elle sembla se rendormir sous les mouvements lents et réguliers de Robin.

- Non, murmurai-je. Non, répétai-je plus fort. Je ne regrette pas, Robin. Je l'ai voulu alors j'assume. Donc non je ne regrette pas. Je... enfin j'ai...

Robin releva son regard sur moi et me sourit tristement.

- Ce n'est pas grave tu sais, me rassura-t-il, je...

- Tu m'agaces, Robin de Locksley, le coupai-je. Je suis gênée, d'accord ? Tu m'as vu nue, je ne sais pas comment me comporter avec toi... et ventre-Dieu ! Robin, on a... commis... le péché de chair !

- Je sais, me répondit-il avec un énorme sourire sur les lèvres.

- Pardon ? m'indignai-je. Enfin, Robin...

Il haussa les épaules et déposa ma fille dans son lit.

- Je le referai Mary.

Je déglutis avec difficulté, et me cachai sous les draps. J'entendis son petit moqueur, mais ne bougeai pas. Bon sang... c'était gênant ! Je ne ressortis que plusieurs minutes plus tard, une question me taraudant.

- Comment peux-tu être aussi... paternel, dis-je sans trouver d'autres mots adéquats, avec elle ?

Robin me regarda surpris, et sa stupéfaction s'agrandit quand il comprit que je parlais d'Aurore.

- Elle n'est peut-être pas ma fille, mais elle est la tienne, Mary, et je t'aime, donc... c'est normal à mes yeux.

Je n'étais pas pleinement convaincue mais préférais ne pas argumenter. Pour moi tout était différent... Je pris finalement la direction de la porte. J'entendis ses pas bottés me rejoindre, son bras entoura ma taille pour me presser contre lui.

Ses yeux brillaient de satisfaction, de bonheur. Je glissai une mèche derrière mon oreille, maltraitant mes lèvres.

- Tu ne devrais pas faire ça, murmura-t-il soudainement beaucoup trop sérieux.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant