37 - Robin

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Un mal de crâne horrible me lançait violemment et se répercutait dans tout mon corps. Ralenti par la douleur, je me levai et m'habillai, les yeux fermés les trois-quart du temps dû à la lumière trop forte. La bouche pâteuse, je me traînai jusqu'aux feux de camp pour avaler un bout que Mathilde me servit en silence, consciente de mon état déplorable et malgré son air désapprobateur le plus total, elle ne dit rien et je lui en fus très reconnaissant.

Je n'aurais jamais dû abuser de l'alcool ainsi. Et si l'on nous attaquait ? Cela n'était jamais arrivé mais ce n'était pas une raison pour baisser autant sa garde. J'avais tellement bu que je me souvenais vaguement de notre blague à Will. Je savais qu'avec Allan, l'on avait mis toutes ses affaires à l'eau, qu'il voulait se venger, et que j'avais dansé avec Mary... puis, c'était confus. À vrai dire, je ne savais plus du tout.

Je retrouvai Allan dans l'infirmerie, où Mary travaillait. Dès que je la vis, je me souvins de notre discussion, que nous avions eu. Moi lui confiant mes sentiments sur Lady Marianne alors que j'avais été à deux doigts de l'embrasser, tout simplement à cause de ses yeux... Je me maudis. J'avais été le pire des idiots, des arrogants... Je l'avais faite pleurer...

- Bonjour Robin ! s'exclama-t-elle.

Je grognai immédiatement et portai ma main à la tête comme pour me protéger du bruit. Elle parlait beaucoup trop fort...

- Si c'est comme pour Allan, tu peux repasser, continua-t-elle sans se soucier de mes suppliques silencieuses. Non, je ne vous donnerai pas de quoi soulagement votre gueule de bois, et ne demandez pas à Arthur, sa fille est malade, il ne la lâchera pas d'une semelle pour le reste de la journée.

Le reste de la journée ? Je jetai un coup d'œil dehors. Ah, il était plus de midi, c'était pour ça qu'il n'y avait personne quand j'avais mangé.

- Mary, gémit Allan.

- Non ! chantonna-t-elle. C'est la vengeance de Will.

- Et tu l'aides, m'indignai-je à voix basse.

J'allais m'asseoir à côté d'Allan qui prenait toute la place sur la table. Mary volait d'un coin à l'autre, rangeant et répertoriant plusieurs choses différentes. Un torchon à la main, elle entreprit ensuite de nettoyer des ustensiles. Dans un grand bol reposait beaucoup d'eau chaude d'où fumait la vapeur. À côté, dans d'autres petits récipient, il y avait de la menthe fraîche coupée en petit bout, du gingembre, du miel, du citron, et du romarin.

Mary surprit mon regard, sourit et continua ses affaires. Allan me chuchota que c'était les ingrédients pour que l'on se sente mieux mais qu'elle y veillait dessus farouchement.

- Alors pourquoi les garder si elle s'en sert pas ? marmonnai-je.

- Pour les autres ! dit-elle joyeusement. Il y en a plein encore qui ne sont pas levés et qui vont en avoir besoin !

- Mary... geint Allan.

- Non, maintenant, vous deux, partez, j'ai plein de chose à faire.

Le ménestrel se releva, marmonna qu'il allait dormir, puis partit en traînant les pieds. Juste avant, il leva un regard chargé d'espoir sur Mary qui lui sourit en agitant sa main, puis partit définitivement.

Elle se tourna ensuite vers moi, une moue sur les lèvres.

- Je suis occupée, dit-elle simplement.

- Je sais, marmonnai-je, mais avant, je voudrais m'excuser pour hier soir...

- Oh... fit-elle surprise.

Elle détourna le visage et attrapa le citron qu'elle coupa en deux avant de verser le jus dans un verre. Sa tête resta baissée, comme pour attendre que je parte. Je soupirai, murmurai un « Encore désolé. » et sortis de la tente.

Robin des BoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant